Objectif de l'action :
L’embauche, dans l’équipe de la bibliothèque, de personnes de la cité connues des habitants a pour objectif de créer du lien social entre la bibliothèque et le quartier.
Ces personnes, des femmes, des mères de famille, jouent un rôle de médiatrice :
- pour l’entrée « symbolique » des familles dans un lieu culturel,
- pour l’entrée « pratique » aussi : aide pour l’ouverture des portes, la montée des poussettes, etc.,
- ces médiatrices sont également un relai de communication efficace sur lequel l’équipe s’appuie pour faire passer des informations aux familles du quartier.
Description de l'action :
La bibliothèque des enfants de Clamart a vu le jour grâce à la volonté du mécène Anne Gruner Schlumberger d’initier les enfants d’un milieu modeste et souvent défavorisé sur le plan économique et culturel au plaisir de la lecture. La cité ouvrière, conçue à la fin des années 1950 à Clamart par l’arcitecte-urbaniste Robert Auzelle, apparaît comme idéale pour accueillir le projet de construction d’une telle bibliothèque. La bibliothèque, réalisée par les architectes de l’Atelier de Montrouge, ouvre au coeur de la cité de la Plaine en 1965.
Pendant quarante ans, l’équipe de la Joie par les livres (JPL) est installée entre les murs de la bibliothèque des enfants de Clamart. En 2007, le Centre National du Livre pour Enfants – centre de ressources de la JPL – est appelé par le Ministère de la Culture et de Communication à intégrer la Bibliothèque nationale de France, devenant ainsi son département jeunesse. De plus, cette même année, l’ouverture d’une médiathèque municipale à quelques centaines de mètres de la bibliothèque des enfants de Clamart pose la question de sa fermeture. Mais la mobilisation d’intellectuels et d’habitants du quartier qui occupent le lieu pendant une dizaine de jours permet finalement la réouverure du lieu, après une quinzaine de jours de fermeture.
Geneviève Patte, l’une des bibliothécaires fondatrices de la bibliothèque des enfants de Clamart, crée, en 2007, l’association Petite Bibliothèque Ronde qui prend le relais de la JPL.
L’équipe de la Petite Bibliothèque Ronde rencontre alors un réel problème avec les adolescents du quartier qui occupent constamment le lieu sans le respect de ses règles de vie. Tags, insultes, crachats, lancers de divers projectiles…, la communication ne passe plus, malgré les diverses tentatives de pacification mises en place par l’équipe. En effet, même si la bibliothèque est reconnue comme un lieu appartenant à la cité, l’équipe est perçue comme « étrangère » au quartier, ce qui ne facilite pas les relations avec les adolescents pour lequels la notion de territoire est centrale dans leur conception de l’espace public.
Dès l’ouverture de la bibliothèque en 1965, une personne a toujours été chargée d’accueillir les usagers dans le hall. Faire de l’accueil est en effet, depuis le projet initial, un enjeu primordial. De même en ce qui concerne le principe de la participation des usagers, des enfants en particulier, à la vie de la bibliothèque. Parce qu’accueillir c’est placer le public au centre du projet, la Petite Bibliothèque Ronde implique ses jeunes lecteurs dans le fonctionnement de l’établissement. Devenus, pendant quelques heures, aide-bibliothécaires, les enfants font les emprunts, les retours et les conseils de lecture.
C’est dans cet esprit qu’en 2008, pour répondre aux difficultés rencontrées par l’équipe, celle-ci a décidé d’embaucher des habitants du quartier, se relayant au poste de médiatrices chargées de l’accueil. L’effet escompté s’est fait rapidement sentir et, en quelques mois, les tensions se sont apaisées.
Aujourd’hui, alors que de multiples fractures – sociale, culturelle, familiale, numérique – séparent les générations, la Petite Bibliothèque Ronde est plus qu’une bibliothèque pour enfants : elle est un vecteur de lien social et d’insertion, via la pratique de la lecture.
L’emplacement idéal de la bibliothèque, au coeur de chemins piétonniers, permet aux enfants de venir seuls. La bibliothèque est ainsi véritablement un lieu de proximité pour les habitants du quartier.
La première personne vue par les enfants, en entrant, est une mère de famille de la cité employée par la bibliothèque, à temps partiel. Figure connue et rassurante, c’est elle qui guide les enfants vers l’équipe et vers les différents espaces de la bibliothèque. Cette personne permet de désacraliser la bibliothèque souvent perçue comme un équipement culturel réservé à une élite. Avenante et chaleureuse, sa compagnie est prisée des mères du quartier qui discutent avec elle dans le hall d’accueil, tandis que leurs enfants fréquentent les espaces de lecture. Les médiatrices sont également susceptibles d’intervenir auprès de parents que l’équipe ne connaît pas, lorsque celle-ci rencontre un problème spécifique avec un de leurs enfants. Par ailleurs, elles participent pleinement à la vie de la bibliothèque : équipement, élaboration de la programmation et des animations.
Depuis 2014, la bibliothèque a mis en place des réunions trimestrielles avec les familles de la cité. Les médiatrices utilisent leur réseau pour diffuser l’information dans le quartier : ce bouche à oreille permet de faire venir à ces réunions de nombreux parents, dont certains qui habituellement ne fréquentent pas ce lieu, ce qui témoigne d’une volonté de s’impliquer et d’un attachement fort des habitants du quartier envers cette bibliothèque, même de la part de ceux qui n’en sont pas usagers. Lors de ces réunions, il s’agit, d’une part, de faire le point sur la situation de la bibliothèque, de pointer en particulier ses difficultés et d’envisager des solutions pour y remédier. Ces réunions, d’autre part, travaillent à mettre en oeuvre des actions, selon les souhaits de ceux qui la fréquentent, dont les participants à ces réunions sont un échantillon. La première réunion a eu lieu en mars 2014, seulement quelques semaines après le vandalisme dont a été victime la Petite Bibliothèque Ronde (voir à ce sujet les articles de presse en lien ci-dessous, dans Autres documents).
Documents en ligne :
Périodicité de l'action :
La médiatrice chargée de l’accueil est présente sur toutes les plages horaires d’ouverture de la bibliothèque au public : 6j/7 en période scolaire, soit 16h/semaine – 5j/7 pendant les vacances scolaires, soit 15h/semaine
Moyens humains et techniques :
Deux personnes se relaient à ce poste, en 2014-2015
Partenaires impliqués :
Les différents partenariats engagés avec des associations du quartier soutiennent la bibliothèque dans le rôle fondamental qu’elle joue auprès des familles et qui concerne : la sensibilisation à la lecture, l’accompagnement à la parentalité, la lutte contre la fracture numérique, etc.
La Petite Bibliothèque Ronde travaille en partenariat, notamment avec l’antenne clamartoise de la Caisse des Allocations Familiales et avec l’association
Accueil Relais Parents Enfants (ARPE) qui développe la relation famille-école autour de l’enfant et qui accompagne les familles dans tous les domaines.
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