Eric Clapton : Life in 12 Bars

De Lili Fini Zanuck

Sortie en salles le mercredi 23 janvier 2019

 

© Roger Perry – Orsans Distribution – 2017

Eric Clapton est pour des millions de gens une légende vivante du Blues et du Rock. Véritable icône, il a traversé les décennies, connaissant gloire et successions d’épreuves. Malgré sa pudeur, il nous livre pour la première fois l’ensemble de sa vie y compris ses drames les plus intimes. Mêlant archives personnelles, performances rares et témoignages inédits (B.B. King, George Harrison, Pattie Boyd, Bob Dylan, Steve Winwood…), ce documentaire retrace la destinée emblématique de celui que l’on appelle «GOD»…  
 

L’avis du bibliothécaire

La réalisatrice et productrice américaine, Lili Fini Zanuck, a tourné son premier long métrage en 1991 : « Rush», une histoire de  plongée dans la drogue, Eric Clapton en composait la bande originale. Cette relation de confiance commencée il y a 25 ans a permis l’existence de « Life in 12 Bars ». Loin de l’hagiographie, Lili Zanuck s’attache à retracer une immense carrière et au final montrer comment la musique a été la colonne vertébrale d’une vie qui a tourné  plusieurs fois au chaos.
Le visage de Clapton, aujourd’hui, âgé de 70 ans, ouvre le film avec une séquence tournée par lui-même face à l’objectif de son portable. Cheveux et collier de barbe poivre et sel, lunettes sur le nez, il annonce le décès de BB King survenu lors de la réalisation et dit sa tristesse, il place ainsi le film qui lui est consacré sous les auspices de son ami.
Le récit de sa carrière et de sa vie est construit uniquement sur des photographies, des extraits de concerts des vidéos de famille, de proches : amis, compagnes, musiciens, qui ont beaucoup filmé.
La chronologie n’est pas linéaire, le curseur du temps bouge, retourne des années en arrière, puis revient, éclairant ainsi comment les événements personnels enfouis influent sur le musicien.

Le Blues a dissipé la douleur 

Les photographies de l’enfance le montre heureux avec ses parents. A neuf ans, il apprend qu’ils sont ses grands-parents et que  sa mère  l’a abandonné pour partir vivre au Canada. A partir de ce moment, le visage de l’adolescent sur les photographies est fermé, lointain. Dans ces années, le blues découvert grâce à une émission de radio, devient sa planche de salut. Il demande une guitare et s’exerce sans relâche à accompagner les bluesmen (Bo Diddley, Blind Boy…) dont il collectionne les disques. L’identification est totale : « C’était toujours un homme et sa guitare face au reste du monde. Il était complètement seul et n’avait pas d’autres choix que de chanter et jouer pour atténuer sa douleur. » commente le musicien.

Des voix et des images

Tout au long du film, les voix accompagnent les images. Celle d’Eric Clapton évidemment qui les regarde sans complaisance, en donne le contexte, rétrospectivement. Parfois, la voix est plus jeune, elle provient d’anciennes interviewes données au cours de sa carrière.  On entend aussi Rose sa grand-mère, Patricia sa mère, Pattie Boyd, une de ses compagnes, Ben Palmer, musicien manager de Cream, un producteur… Les commentaires de personnages maintenant âgés révèlent la face cachée des images tandis que les vidéos les montrent dans l’éclat de la jeunesse.
Les fans retrouveront avec plaisir les vidéos des débuts avec les Yardbirds, les Bluesbreakers pour en arriver à celles du  groupe qu’il fonde : Cream, suivi très vite d’autres, Blind Faith, Derek and the Dominoes.  Des groupes qu’il quitte assez vite dès que la tentation commerciale pointe le nez. Ses pairs désormais le reconnaissent de Bob Dylan en passant par les Stones. On le voit enregistrer avec les Beatles, Aretha Franklin…
Avec les années 80, le film s’intéresse, en plus de la musique,  aux tragédies et obsessions de Clapton : un amour fou pour Pattie boyd, la femme de George Harrison et les addictions : cocaïne, héroïne et alcool. Il est assez troublant d’entendre Clapton et de Pattie Boyd commenter leur relation tant d’années après. Des vidéos rares, les montrent, lui, son entourage, en apparence jouissant de tout, à Hurtwood, l’immense domaine de Clapton. Mais leurs voix racontent les errements les années qui suivent.  Des images et vidéos de Clapton le montrent, le visage gonflé par l’alcool, le regard noyé. C’est la période des esclandres sur scène et des propos racistes comme l’attestent des coupures de presse. Mais le film ne joue pas l’ellipse, le musicien assume : « Pour moi, l’important était de montrer qu’à travers tout ce chaos, j’ai quand même réussi à devenir quelqu’un qui se comporte plutôt bien, avec un sens des responsabilités. » précise-t-il dans un entretien aujourd’hui. Les derniers mots reviennent  à BB King, avec la séquence finale où, sur scène, il  rend un émouvant hommage à Clapton ;  il clôt le récit de cette carrière d’un demi-siècle.

Rappel

Eric Clapton : Life in 12 Bars, de Lili Fini Zanuck
2017 – Durée : 2 heures 14 minutes – Production : The Zanuck Company, Passion Pictures Production
Distribution : Orsans Distribution

Publié le 22/01/2019 - CC BY-SA 4.0

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