Des bibliothèques dans les mollets : retour sur le Cyclo-biblio 2022

L’une travaille en bibliothèque universitaire, l’autre en bibliothèque municipale. Pour l’une c’était son premier cyclo-biblio, pour l’autre son troisième. Ces deux collègues reviennent sur l’édition 2022 LorLux du Cyclo-biblio et tous les enseignements qu’elles en ont tirés.

Photographie du groupe cyclo-biblio en pause
© V. Derouen

Pour commencer, pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Vanessa Derouen. Je suis bibliothécaire et actuellement webmestre et adjointe à la communication au sein des BU de l’université Jean Moulin Lyon 3.

Je m’appelle Jehanne Ducros-Delaigue et je suis bibliothécaire, responsable du service du patrimoine à la BM de Mulhouse.

Vanessa, c’était ton premier Cyclo-biblio, qu’est-ce qui t’a poussé à tenter l’expérience ?

Après deux ans de pandémie et de formations à distance, je ressentais une forte envie de retourner sur le terrain pour de vraies rencontres et échanges professionnels. J’avais également envie de booster ma motivation, de trouver une émulation dans le collectif et un soupçon de défi sportif.

Pour toi, Jehanne, c’était ton troisième Cyclo-biblio, qu’est-ce qui t’a poussé à retenter l’expérience ? Et te souviens-tu pour quelle raison tu y avais participé la première fois ?

J’en ai entendu parler lors de la formation à l’Enssib, pendant le cours sur l’advocacy. L’une de nos collègues de promo y participait depuis la toute première édition… et elle a converti 4 d’entre nous pour l’édition du Léman (2017)! Encore cette année, nous étions 4 de cette promo… ça joue beaucoup pour motiver l’inscription : on sait qu’on passera un bon moment… d’autant plus que je connaissais déjà beaucoup de participants, car de nombreux reviennent. C’est comme revenir chaque année dans la même colo … l’aspect métier en plus (mais quand on aime, on ne compte pas !)

Portrait de Jehanne Ducros-Delaigue à côté du robot Philéas de la bibliothèque de La Filoche
© J. Ducros-Delaigue

Comment ça s’est passé pour vous cette édition 2022 ?

Jehanne Ducros-Delaigue : Très bien! j’ai trouvé légèrement plus facile que les autres années (les premières étapes étaient plus courtes, seule une journée était très difficile), beaucoup plus en forme les premiers soirs que les deux premières fois ! L’itinéraire était intéressant, les bibliothèques et lieux visités nous ont fait rêver.

Vanessa Derouen : En faisant Cyclo-biblio, on intègre pour 6 jours un collectif qui partage des valeurs, chérit la bienveillance et l’humain et a soif de promouvoir les bibliothèques et le métier que nous faisons. J’ai découvert des collègues, des récits de carrière, des idées de services à transposer, des jeux, des problématiques et initiatives sur lesquelles je ne m’étais pas (encore) penchée. Il y a eu des moments plus durs physiquement (une certaine côte et une départementale). Et déjà une envie de se retrouver en 2023.

Qu’est-ce que vous avez appris sur les bibliothèques, celles visitées ou bien celles des autres participants au Cyclo-biblio ?

Vanessa Derouen : De 100 m² ou plus, ce qui est primordial c’est l’envie, la curiosité, le partage des idées et des initiatives, le travail en réseau entre bibliothécaires pour des bibliothèques avec au cœur de leur projet les usagers. Un cyclo-biblio sur une journée à l’échelle d’un réseau, c’est possible et foisonnant d’idées. 
On invente parfois des services supers innovants, en oubliant l’accès basique et inclusif à des sanitaires en bon état et agréables.

Jehanne Ducros-Delaigue : C’est difficile de lister tout ce qu’on apprend, consciemment ou inconsciemment. On repère de nombreux éléments, qu’on réutilisera, ou pas, qui nous inspireront, ou pas… Les 3 choses que je retiens tout particulièrement sont les suivantes :

  • Le tiers lieu est un concept à la mode… on en a vu de nombreux ! Par contre attention, de plus en plus d’espaces se revendiquent comme tel même s’ils se rapprochent parfois plus du centre culturel que d’un espace entre lieu de travail et domicile. Attention donc aux concepts à la mode !
  • L’importance d’un mobilier adapté… coloré… moderne… confortable ! Nous avons visité la BM d’Aumetz, plutôt axée sur le conte. Ils ont fait le choix d’un espace où le public se sentirait bien, mais aussi le personnel et ont acquis des chaises, fauteuils, tapis colorés, plein de peps, avec des formes audacieuses… L’effet est immédiat ! Alors soit, le mobilier ne fait pas tout, mais il est à ne pas négliger non plus, et peut constituer une option pour dynamiser des locaux vieillots.
  • en tant que bibliothécaire patrimoniale, je n’ai pu que noter toutes les possibilités de réutilisation de meubles à fiches. Nous en avons rencontré beaucoup ! Retouchés par les ateliers de la ville, ils peuvent accueillir des postes informatiques, et devenir ainsi témoins de la transition entre catalogues anciens et nouveaux. Ils sont également idéaux pour les grainothèques!

Quelle a été la principale difficulté que vous avez rencontrée pour cette édition ?

Jehanne Ducros-Delaigue : Le morceau sur départementale de la portion Verdun-Esch (la plus longue étape en plus, 87km)… une dizaine de km je pense, mais en ressenti le triple… avec les voitures qui nous frôlaient, le peloton complètement éclaté, la chaleur du bitume, la soif… et les visages défaits des cyclothécaires qui arrivaient au point de rassemblement les uns après les autres! Après, il est parfois difficile de faire autrement : il n’y avait pas d’autre possibilité pour cette étape. Mais si j’avais su ce qui m’attendait le matin, je n’aurai peut-être pas eu le courage de me lancer !

Vanessa Derouen : L’advocacy à vélo c’est un échange flash qui saisit au vol chaque rencontre. Que font 50 bibliothécaires à vélo sur ce chemin de halage ? Réponse en 2 min chrono. Même si nous sommes sur un mode de déplacement doux, le timing est parfois dense. Saisir la spécificité d’un lieu, de services en si peu de temps constitue un petit défi.

Portrait de Vanessa Derouen devant une ancienne usine sidérurgique
© V. Derouen

Quel serait votre meilleur souvenir de ce Cyclo-biblio 2022 ?

Vanessa Derouen : J’ai deux souvenirs intenses complément opposés : la visite du chantier de L’Æncre, Médiathèque du Grand Verdun avec la ferveur communicative de son directeur Michaël George pour ce projet de création et la sidération ressentie au milieu de l’ancien site sidérurgique de Esch-sur-Alzette transformé en Luxembourg Learning Centre. 

Jehanne Ducros-Delaigue : Pour moi, je dirai les soirées jeu de société : à Cyclobiblio, il y a souvent des collègues spécialisés dans le jeu en bibliothèque qui en amènent dans leurs bagages (j’admire, j’aurais pas trouvé la place !) et qui savent très bien en expliquer les règles… Même en étant K.-O. le soir, on trouve la force de jouer !
Et si j’ai le droit à un joker, je dirais aussi l’accueil en fanfare dans certaines bibliothèques : à Toul par exemple, la batucada que l’on a entendue depuis les remparts, et qui nous a motivés pour les derniers mètres ! On se sent juste … très très bien lors de telles arrivées joyeuses et festives !

Auriez-vous un message pour ceux/celles qui seraient tentées par le Cyclo-biblio 2023 ?

Jehanne Ducros-Delaigue : Go go go go go! On peut faire Cyclobiblio pour plein de raisons complémentaires : rencontrer des collègues, visiter des lieux incroyables, se surprendre soi-même sur sa capacité à faire 300km… J’avoue que pour moi le défi sportif est également important. Mais on peut aussi vouloir se faire plaisir et ne pas vouloir trop forcer : vélo électrique ou non vélo électrique, on peut faire cyclobiblio comme on le souhaite, l’important c’est que ça reste un plaisir! Tous les âges sont représentés, collègues sportifs ou moins sportifs, nationalités, corps, grades, missions, … tout le monde est le bienvenu, on s’entraide, on rigole ensemble, on débat… 
Et on peut même se faire financer par son institution! car Cyclobiblio est de plus en plus reconnu comme utile pour la formation continue. Vous n’avez plus aucun prétexte pour ne pas participer ! (ou alors si vraiment vous n’aimez pas le vélo 😉 )

Vanessa Derouen : La première interrogation de mes collègues ou ami.e.s concerne l’aspect sportif de la participation. Mais la vraie question est : êtes-vous prêt.e. à la rencontre, l’échange, le biblio-bouillonnement pendant 6 jours, l’advocacy ? Si oui, enfourchez votre vélo qu’il soit classique ou électrique.. 

Un dernier mot à ajouter ?

Vanessa Derouen : Le lien avec le congrès ABF pourrait se formaliser. Pourquoi pas un accueil (stand, conférence, atelier)  en matinée à l’ouverture du congrès où les cyclothécaires seraient inscrits automatiquement ?

Jehanne Ducros-Delaigue : Seulement notre motto : Vivent les bibliothèques, vive le vélo… VIVE CYCLOBIIIBLIIIOOOOO !!

Publié le 14/06/2022 - CC BY-SA 4.0

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