Adama Pouye, médiathécaire au Sénégal

Adama Pouye est médiathécaire à l’Institut français, au Sénégal, chargée des débats d’idées.
Elle a fait son stage « Résidence culture » à la Bibliothèque d’Alsace (BdA) avec pour objectif d’accroître ses compétences en médiation numérique en bibliothèque.

Peux-tu présenter ta bibliothèque et ton rôle au sein de ta structure ?

Principale structure de lecture publique connectée et ouverte à tous les publics, la médiathèque Alioune Diop de l’Institut français du Sénégal à Saint-Louis est un espace privilégié d’échanges, d’apprentissage, de documentation, d’ouverture, vecteur d’enrichissement culturel et linguistique au cœur de la ville tricentenaire, Saint-Louis. Elle représente ainsi le dialogue fluide entre deux cultures historiquement liées : les cultures française et sénégalaise.

Ses missions, conformément aux principes définis par la Fédération internationale des associations de bibliothécaires (IFLA) et l’UNESCO dans son manifeste sur les bibliothèques publiques (mis à jour en 2022) se rapportent à l’information, la formation, la culture et les loisirs.

Le fonds généraliste et varié de la médiathèque est réparti entre des espaces spécifiques et un rayonnage dédié. Nous y retrouvons ainsi un espace réservé aux enfants, un espace réservé aux adultes, un espace presse, une vidéothèque et une salle multimédia où sont partagés pas moins de 12000 documents aux supports variés.

En ma qualité de responsable de l’espace adulte de la médiathèque et chargée du débat d’idées, je suis la principale interlocutrice des usagers que j’assiste dans la recherche documentaire.
Je suis également en charge de la politique d’acquisition, du traitement physique et intellectuel, de la gestion des collections, de l’offre d’animations que nous voulons de plus en plus numérique, de la programmation annuelle de débats d’idées comprenant des programmes internationaux impliquant de nombreux partenaires, de la médiation avec des auteurs et penseurs de partout.

Quels étaient le contenu et les objectifs de ton stage ?

J’ai soumis un projet de renforcement de compétences en médiation numérique en bibliothèque.

L’objectif pour moi à travers cette thématique était d’être formée sur comment concevoir et promouvoir des animations pratiques numériques et intégrer les outils numériques et supports multimédia dans l’acquisition même des documents.
Il était important de découvrir des pratiques d’ailleurs, notamment de bibliothèques plus avancées sur ces questions et disposant de département dédié au numérique telle que la BdA où le chargé de mission, Stéphane Dangel, d’une générosité remarquable dans le partage de ressources, a contribué fortement au développement de ma culture numérique durant mon immersion professionnelle de 5 semaines.

Au-delà de ça, dans la continuité des alternatives imposées par la covid, il est important de proposer des activités de débat d’idées hybrides, à moindre coût et impact écologique, entre publics du Sénégal et de la France par le biais de la technologie.

La finalité est d’impliquer le numérique dans la programmation même des activités de médiation, de proposer ainsi des ateliers innovants permettant au public de se former à l’usage des technologies mais aussi au personnel de la bibliothèque même, de tendre vers une démarche moderne et digitale.

J’ai ainsi pu, entre juin et début juillet, procéder à l’inventaire des applications pour tablette – au nombre de 479 -dans les différentes bibliothèques de la BdA, à leur évaluation et corrélation avec les objectifs de lecture publique en Alsace, passer en revue des fiches d’animation numérique et co-monter une proposition de médiation avec le groupe numérique afin de lutter contre l’illectronisme et, enfin, monter une activité de lecture internationale entre Saint-Louis et Sarre-Union dans le cadre de Partir en livres 2022.

Que retiendras-tu de cette expérience ?

Cette expérience m’a fait découvrir un nouveau modèle de bibliothèque déjà : une bibliothèque pour bibliothécaires !

Au-delà du numérique, la BdA, en tant que centre d’action d’un réseau de bibliothèques réparti sur 6 sites, permet de voir grand sur le travail en réseau et l’importance des bibliothèques de proximité que j’ai pu découvrir en participant aux navettes de livraison de livres à l’intérieur de l’Alsace. J’ai ainsi retenu combien, même dépourvus de moyen, des bibliothécaires se battent pour faire vivre le livre, la lecture dans leurs zones d’intervention.

Dans le cadre de mon stage j’ai pu découvrir la variété d’application « tout-faire » pour un renforcement de capacité dans des thématiques variées. Il était aussi intéressant pour moi de voir comment repérer et collecter des ressources en accès libres et pertinentes pour enrichir la bibliothèque numérique.

J’ai aussi retenu, et ajouté à mes orientations stratégiques de l’année 2023, la nécessité de renforcer l’éducation aux médias et à l’information (EMI), dès le plus jeune âge.

Les visites de bibliothèques diversifiées, en Alsace ou à Paris et environs ont aussi été une inspiration sur comment aménager une bibliothèque, le mobilier adapté afin d’inclure tous les publics.

Entre autres, car en 6 semaines au total entre l’Alsace et Paris, j’ai rencontré de nombreuses personnes ressources et découvert différentes manières de procéder toutes aussi enrichissantes les unes que les autres.

Tout ceci, laissant ouverture à des pistes de collaboration sur lesquelles la réflexion est déjà entamée avec la BdA.

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