Appartient au dossier : Le Prix du public Les yeux doc-2023

Le Blog documentaire, partenaire de la 3e édition du Prix du public Les yeux doc

Plusieurs partenaires médias accompagnent cette 3e édition du Prix du public. Impliqués depuis de nombreuses années dans le monde du cinéma documentaire, leur travail contribue à la diffusion et à la valorisation de films aux sorties souvent confidentielles. Cette semaine nous donnons la parole à Benjamin Genissel, auteur et journaliste au Blog documentaire.

Logo du blog documentaire

Le Blog documentaire est né en 2011, est-ce que tu peux nous redonner les contours de cette naissance et de ce qu’il est devenu aujourd’hui ?

Cédric Mal a lancé le Blog documentaire il y a une douzaine d’années maintenant. Il l’a créé au départ pour combler un vide sur Internet (l’absence de lieu sérieux de discussion et de valorisation du documentaire), sans imaginer que l’entreprise allait durer aussi longtemps et rassembler autant de plumes. Au départ, il s’agissait de bâtir un site d’information et d’analyse sur les arts documentaires, principalement au cinéma et à la télévision, et essentiellement sous forme écrite. Puis le site a évolué pour s’intéresser en plus à ce que l’on appelait alors le « webdocumentaire ». Un volet édition a également été lancé en 2014, avec six livres publiés au catalogue. Le Blog documentaire a aussi organisé des projections mensuelles de documentaires et webdocumentaires, au Vidéodrome à Marseille ou aux Ateliers Varan à Paris. Nous avons aussi été partenaires de nombreux festivals, et avons noué des liens particulièrement forts avec le festival Silhouette qui se tient à Paris chaque année en août et avec le Fidé, le Festival international du documentaire émergent, toujours à Paris. Aujourd’hui, nous publions des critiques de films et réalisons des interviews, sous la forme écrite mais donc aussi sous forme audio.

Depuis 2020 des podcasts sont disponibles, peux-tu nous dire pourquoi avoir choisi de créer ce type de contenus ?

On a toujours cherché à diversifier nos manières de raconter les documentaires. Il y a eu des analyses classiques de films, des interviews par écrit ou en vidéo ; il y a eu aussi des dialogues, des lettres, des tribunes, des comptes rendus de festivals ou des actualités professionnelles. Et puis en 2019, constatant l’essor des formes documentaires audio, notamment les podcasts, on s’est dit qu’on pouvait nous aussi s’en emparer. Au tout départ, il y a eu un projet d’émission de radio qui n’a pu voir le jour. Nous nous sommes alors équipés, et c’est Fanny Belvisi, une fidèle plume du Blog documentaire, qui a enclenché notre série de podcasts, avec l’aide de la SCAM. L’Atelier du Réel est devenu un contenu régulier parmi nos publications. Deux autres personnes ont réalisé des épisodes, Marie Baget et Clara Beaudoux (en Belgique). Outre le fait de pouvoir toucher un public plus large, le grand avantage du podcast sur la transcription écrite, c’est de pouvoir illustrer un entretien avec des extraits de films et non plus seulement des photos, ou des photogrammes. C’est pouvoir donc lui adjoindre l’ambiance, l’atmosphère des œuvres qui sont décrites ou mentionnées. Les propos des personnes interviewées et les citations des films se mêlent bien mieux, c’est un atout important. Pour ma part, cela ne fait qu’un peu plus d’un an que je réalise les épisodes de L’Atelier du Réel.

De quelle façon travailles-tu autour de ces podcasts ?

D’une façon assez similaire à chaque fois, finalement. Les étapes de fabrication de nos podcasts sont les mêmes d’un épisode à l’autre, indépendamment du sujet ou de la personne interviewée. Regarder les films ou prendre des renseignements, lister les questions, réaliser l’interview en tête à tête. Ensuite sélectionner ce qui m’intéresse dans les réponses données, ce qui implique souvent de reformuler mes questions avant de les réenregistrer. Puis choisir les illustrations sonores qui viennent ponctuer la discussion de ci de là et qui sont donc généralement des extraits du ou des films dont il est question. Et à la fin, mixer les niveaux et poser notre jingle (composé par Pierre-Antoine Durand) en ouverture et en conclusion. Cela dit, il m’est arrivé pour deux podcasts de faire dialoguer deux personnes ensemble et d’effacer ensuite ma voix au mixage. Le travail sur les podcasts n’est donc pas aussi standardisé que je viens de le décrire.

Peux-tu nous parler des podcasts réalisés pour la 2e édition du Prix du public Les yeux doc ?

Quatre films étaient en lice pour le Prix, on voulait dédier un podcast à chacun des films mais malheureusement nous n’avons pu en réaliser que trois pour des questions de calendrier. Il y a donc eu des podcasts consacrés à Toto et ses soeurs d’Alexander Nanau, L’envol infini des jours de Catalina Mesa et Cassandro the exotico de Marie Losier. Les trois ont été vraiment passionnants à réaliser. Les deux derniers ont été fabriqués de façon assez classique mais le premier avec Alexander Nanau a été un défi pour nous ! Comme ce réalisateur n’est pas francophone, on s’est dit que le mieux était de réaliser l’interview dans la langue natale du cinéaste, en roumain. On a donc recruté un cinéphile roumanophone pour cette belle occasion en la personne de Jean-Baptiste Mercey et c’est ainsi qu’on a pu réaliser notre premier (et pour l’instant unique) entretien audio traduit d’une langue étrangère et doublé en français. Et comme Jean-Baptiste a lui-même écrit son intro et ses questions, même si j’ai posé ma voix sur le début, le style de cet épisode possède une saveur particulière.

Ton dernier podcast s’intéresse à une association, qu’est-ce qui a motivé ce choix ?

J’avoue, un peu honteux, que je ne connaissais pas l’association Documentaire sur grand écran avant juin dernier. À cette époque, j’avais repéré qu’il y avait une projection au 104 de Pantin d’un film qui avait fait partie de l’ACID cannes, How to save a dead friend de Marusya Syroechkovskaya et c’est lors de la présentation de la projection que j’ai compris que c’était cette association qui organisait la séance pour fêter ses 30 ans d’existence. Ce que la présidente de Documentaire sur grand écran a dit avant que le film ne soit projeté m’a suffisamment intéressé pour lui proposer ensuite un entretien. Et comme Jean-Louis Comolli était décédé peu de temps avant et que l’un de ses documentaires, Cinéma documentaire : fragments d’une histoire, avait justement été produit par cette association, on tenait là une bonne occasion de lui rendre hommage tout en illustrant de façon sonore notre podcast. Et puis ce podcast était une vrai éloge de la salle de cinéma et de la projection collective, ce qui me tenait beaucoup à cœur.

Sur le Prix du public tu avais aussi démarré la série Incipit, pourrais-tu nous en parler ?

Oui, c’était pour mettre en avant le film lauréat du premier Prix du public, Derniers jours à Shibati d’Hendrick Dusollier, que nous avons eu l’idée de réaliser une vidéo. Il s’agissait de demander au réalisateur de commenter les choix de réalisation mais surtout les choix de montage qu’il avait effectués pour entamer les premières minutes de son film : comment avait-il trouvé son début ? Quelles étaient les intentions des premiers plans qu’il avait posés sur sa time-line au montage ? On l’a donc questionné exclusivement sur ce passage précis et ensuite on a monté en off, sur les images elles-mêmes, ses explications. Et bien sûr, il a fallu légèrement modifier le montage d’origine pour que ça colle parfaitement. L’expérience s’est révélée si passionnante qu’on a alors eu envie, avec Virgile Guihard au montage mais aussi avec Laurent Gaillardon pour l’un des épisodes, de poursuivre cette idée avec d’autres films, d’autres cinéastes.

Quels sont les projets du Blog documentaire ?

Les projets du Blog sont simplement de poursuivre nos activités en ligne, que ce soient les plus traditionnelles, à savoir les textes critiques ou les interviews retranscrites, comme les plus récentes, L’Atelier du réel comme les Incipits.

Qu’est-ce que tu trouves intéressant dans le cinéma documentaire aujourd’hui ?

Le cinéma documentaire aujourd’hui me paraît conforme à ce qu’il était avant, même si j’ai bien conscience du caractère indéfinissable de cet « avant » ! Il reste toujours aussi stimulant en tout cas car il est aussi protéiforme, diversifié et en ce qui concerne le documentaire de création, aussi original et personnel. Il suffit d’aller faire un tour dans les festivals dédiés à ce genre pour s’en rendre compte, que ce soit dans les grands rassemblements, comme Cinéma du Réel à Paris ou les Etats généraux à Lussas, et dans les plus modestes, comme Les yeux ouverts organisé par le collectif Lundi soir en région parisienne.

A lire sur le Blog documentaire : Prix du public « Les Yeux doc » – Acte 3 : Quel film documentaire aura votre préférence ?

Publié le 27/03/2023 - CC BY-SA 4.0

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