Cécile Denier : 10 ans d’ateliers de conversation

Cécile Denier, responsable du service Autoformation de la Bpi, fait le point sur 10 ans d’ateliers de conversation qu’elle a mis en place à la Bpi.

Photographie de Cécile Denier et de la couverture de son ouvrage

Peux-tu te présenter ainsi que ton livre L’atelier de conversation ?

Je m’appelle Cécile Denier. Je suis la responsable du service Autoformation à la Bpi, un service qui offre une soixantaine de cabines et une multitude d’outils d’apprentissage pour les langues et autres savoirs tels que la bureautique, le code de la route, la remise à niveau scolaire, la comptabilité, le management, la musique, le développement personnel, etc.
En 2018, j’ai eu l’idée d’écrire un livre sur les ateliers de conversation que nous proposons à la Bpi depuis une dizaine d’années. Mon idée était de donner quelques conseils, idées de sujets et pistes méthodologiques aux personnes intéressées par l’animation de ce type d’échanges, en bibliothèque comme dans d’autres lieux comme les cafés, les associations ou les écoles de langue. Depuis que nous avons mis en place ces ateliers à la Bpi, nous recevons en effet beaucoup de questions et de demandes de formation, preuves d’un engouement très fort pour cette médiation et d’un besoin de conseils. 
Les Presses Universitaires de Grenoble ont accepté mon manuscrit et l’ont publié dans la collection “Les outils malins du FLE”

Peux-tu nous raconter comment est née l’idée de mettre en place des ateliers de conversation à la Bpi et comment cela a-t-il pu être mis en œuvre ?

Depuis plusieurs années, je m’interrogeais sur une question fréquente que des lecteurs nous posaient au bureau Autoformation : comment mieux s’exprimer à l’oral ? Nos outils d’apprentissage sont très intéressants pour améliorer la prononciation, la compréhension orale, la syntaxe, le lexique…mais restent limités pour progresser en expression orale. Difficile de vraiment communiquer avec un ordinateur, un DVD ou un CD audio ! A un moment donné, les échanges entre humains et les véritables interactions verbales semblent indispensables pour apprendre une langue !
C’est là que ma rencontre avec la directrice de la bibliothèque de Sottevilles-lès-Rouen a été déterminante : elle proposait alors dans son établissement des ateliers de conversation en anglais et en espagnol, animés par des assistants de langue.
Je décidai donc de tenter l’expérience à la Bpi. A l’été 2010, nous avons mis en place avec une collègue hispanophone, des ateliers de conversation en espagnol et en FLE. Ils ont immédiatement trouvé leur public ! 

Quelles sont les principaux enseignements que tu as tirés de cette expérience de 10 ans dans la conduite d’ateliers de conversation ?

Cette expérience m’a montré qu’il y avait dans notre pays un besoin énorme de rencontres et d’échanges linguistiques. Depuis 10 ans, les ateliers de conversation ne désemplissent pas, plus on en propose et plus les gens viennent ! On a multiplié les langues (anglais, espagnol, portugais) et on nous en demande encore d’autres (italien, allemand, arabe…) ! On a multiplié les niveaux ou angles d’approche (FLE intermédiaire, FLE débutant, ciné FLE, FLE écriture, FLE et espagnol au musée…) et on nous réclame la même chose pour les autres langues…
Cela m’a confirmé aussi que les bibliothèques ont un rôle majeur à jouer dans ce domaine : parce qu’elles sont gratuites, ouvertes à tous et éminemment multi-culturelles ; parce qu’elles disposent en général de méthodes de langues et de collections multilingues ; parce qu’elles n’ont pas besoin d’évaluer leur public par des examens ; parce qu’elles ne demandent pas d’engagement sur la durée ; et surtout parce que les bibliothécaires sont des passionnés dont le coeur de métier repose sur l’accueil du public…. les bibliothèques sont donc le lieu idéal pour permettre ce type d’échange décomplexé, convivial et passionnant ! 

Finalement, de quoi a besoin une bibliothèque qui souhaiterait mettre en place des ateliers de conversation ?

De peu de choses en fait ! Et cela est probablement une des raisons de son succès !
Une petite équipe de bibliothécaires motivés par ce type d’atelier suffit. Il n’est pas nécessaire d’être ou d’avoir été enseignant, mais il faut avoir envie d’animer un groupe, de proposer des petits jeux, de lancer des sujets, d’écouter, de relancer, de reformuler, de s’amuser …. en somme, de discuter !
Dans certaines petites structures, on peut être le seul bibliothécaire à proposer ces ateliers, mais il est préférable d’être quelques-uns pour ne pas se lasser, pour échanger entre professionnels et pour proposer une certaine variété linguistique à nos usagers. Ces ateliers peuvent tout à fait se mener seuls, mais certains bibliothécaires préfèrent les animer à deux.
Une salle isolée est bien sûr préférable pour ne pas gêner le reste du public car les discussions animées et éclats de rire sont fréquents ! 
Il faut des chaises bien sûr mais surtout pas de tables pour éviter l’effet “classe de langue” et éventuellement un tableau pour pouvoir écrire quelques mots.
Et enfin, pour aider à déclencher la conversation, on peut prévoir quelques photocopies d’images en couleur (photos, dessins…), des livres ou revues illustrés de la bibliothèque, des petits papiers sur lesquels on peut écrire des débuts de phrases, des proverbes, des thèmes de discussion, des mots clés, des mots tabous, des idées loufoques…

Publié le 01/04/2020 - CC BY-SA 4.0

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