Compte rendu de la réunion du Conseil de coopération du 28 janvier 2022

Le Conseil de coopération s’est réuni en visioconférence le 28 janvier 2022.

Présents : Yoann Bourion (Bordeaux), Bénédicte Jarry (Brest), Émilie Richard (BD Calvados), Sylvie Puechbroussoux (BD Cantal), Pierre Tribhou (Clermont-Ferrand), Isabelle Westeel (Grenoble), Julien Barlier (Limoges), Nicolas Galaud (Lyon), Pierre Chagny (Marseille), David-Jonathan Benrubi (Montpellier), Claire Haquet (Nancy), Emmanuel Aziza et Romain Gaillard (Paris), Thierry Fouillet (Rennes), Arsène Ott (Strasbourg), Laurence Favreau (Val d’Oise), Cyrille Clavel (ABD), André-Pierre Syren (Enssib), Delphine Henry (Fill), Fabien Vandamme-Schlimpert (Réseau Carel), Colette Gravier (CLL), Jérôme Belmon (SLL), Pascale Issartel (SLL), Thierry Claerr (SLL), Christine Carrier (Bpi), Annie Brigant (Bpi), Éléonore Clavreul (Bpi) et Jean-Baptiste Vaisman (Bpi).

Excusés : Malik Diallo (Rennes), Mélanie Villenet-Hamel (Clermont-Ferrand), Julie Lenoir (Nancy), Hélène Dupuy (Toulouse), Anna Marcuzzi (Strasbourg), ABF, Emmanuelle Minault-Richomme (Reims) et Catherine Schmit (Troyes).

Capture d'écran des membres du conseil de coopération en visio
© Bpi

Tour de table et échanges avec le SLL

Jérôme Belmon (SLL) remercie la Bpi de permettre à son Conseil de coopération d’être un lieu d’échanges informels très riches. Il propose aux participants de se projeter à trois, voire cinq ans, avec une sortie de crise sanitaire espérée et un potentiel changement d’équipe politique, afin d’indiquer leurs attentes.

Plusieurs sujets émergent du tour de table :

  • comment reconnaître mais aussi accompagner l’innovation et les expérimentations dans les établissements de lecture publique qui contribuent à diversifier les services proposés ? créer un label ? Le SLL approuve et souhaite réfléchir à la mise en place de tels dispositifs.
  • comment maintenir une offre musicale alors que de grandes plateformes musicales ne sont pas ouvertes aux bibliothèques ? Comment continuer à faire vivre la musique dans les établissements sans les CD ?

Le SLL indique être en contact avec l’association 45tour qui peut s’occuper d’organiser des concerts dans les bibliothèques. Cela pourrait être financé dans le cadre du pass culture au sein duquel il est nécessaire de rendre davantage visible les bibliothèques. Cela s’y prêterait d’autant mieux que le Pass Culture est à la recherche d’opérateurs nationaux qui soient en capacité de concevoir des programmes d’animations généraux sur toute la France.

  • une préoccupation commune sur l’impact de la pandémie et ses conséquences sur la fréquentation et les usages des bibliothèques, voire sur les pratiques culturelles en général, chacun ayant constaté, à son niveau, une baisse de fréquentation.

Le SLL va poursuivre les enquêtes flash déjà réalisées. Dès février, 2 000 bibliothèques vont être interrogées sur les impacts de la crise sanitaire sur leur fréquentation, les prêts ou l’usage des ressources numériques. La BnF et la Bpi vont également y participer. Du côté des BU, une étude est aussi en cours, menée par l’IGESR. Cela sera doublé d’une enquête qualitative auprès des anciens usagers qui ne seraient pas revenus dans les bibliothèques, et dont les résultats sont attendus pour mars prochain.

  • préserver la DGD, en ces temps de contraintes budgétaires, car elle a montré toute sa pertinence pour soutenir la lecture publique.
  • simplification des relations avec l’Etat et notamment de dispositifs comme les contrats territoire lecture. Le SLL se dit prêt à étudier la question et à faire un bilan du dispositif pour voir comment le faire évoluer, notamment sur la question de l’intercommunalité et du travail en réseau, pas assez signalé selon l’expérience de certains participants.
  • Formation
  • la question de la formation des élus se pose. De moins en moins suivie par eux, elle ne leur permet pas de voir l’intérêt, par exemple, d’une mise en réseau et les bibliothèques départementales ont parfois du mal à se faire entendre à ce sujet.

Le SLL s’est déjà mis à la disposition des associations d’élus, comme la FNCC, pour leur proposer de créer des modules dédiés. Un projet est également en cours, toujours avec la FNCC, pour produire un guide des aides de l’Etat à destination des bibliothèques des collectivités. 

  • éviter que les conservateurs de bibliothèques soient exclus de la réforme du tronc commun de la haute fonction publique. Le SLL assure travailler ce sujet, avec la nécessaire collaboration du MESRI qui a seul la compétence de gérer le corps.
  • question de l’image des métiers de bibliothèque peu attractifs et peu de candidats autres que les profils classiques
  • Communication
  • un consensus commun se dégage pour travailler à une vaste action de communication à l’échelle nationale pour promouvoir les bibliothèques et les services qu’elles rendent à la population, indépendamment des autres campagnes et causes nationales. Cette campagne nationale présenterait aussi l’intérêt de pouvoir être relayée par les grands médias de masse ainsi que de pallier des initiatives locales plus délicates selon les collectivités. Il faudra veiller, toutefois, à ce que le message retenu ne perpétue pas certains mythes sur la profession, en réduisant notamment au seul livre les services proposés par les bibliothèques. L’idée de solliciter une personnalité publique comme grand ambassadeur des bibliothèques est évoquée comme un appui certain pour obtenir une plus grande visibilité aux bibliothèques. Le SLL partage cette préoccupation et rappelle l’initiative, portée par l’ADBGV, pour la création d’une enseigne qui signale la présence des bibliothèques dans les rues. D’autres lieux culturels ont d’ores et déjà montré de l’intérêt à reprendre cette enseigne, même sans être des bibliothèques.

La situation à Limoges, par Julien Barlier (BM Limoges)

À Limoges, les efforts consentis pour faire face à la situation sanitaire ont beaucoup pesé sur les finances de la collectivité, alourdies, de plus, par la hausse de la masse salariale, suite à la mise en place du RIFSEEP.

En 2021, la conséquence pour le réseau des bibliothèques est lourde puisqu’il leur a été demandé de rendre 15 % de leur budget, entraînant notamment la réduction des abonnements numériques et l’arrêt de l’action culturelle. Les perspectives sont également assombries pour 2022 avec une baisse du budget demandé d’un tiers et la suppression de plusieurs postes jusqu’ici gelés. 

Il s’agit désormais de lister les activités des bibliothèques à destination de la population afin d’opérer des choix cornéliens entre ce qui peut être maintenu, ce qui doit être interrompu ou bien réduit, à l’image des horaires d’ouverture. Concernant les différents dispositifs de coopération, là aussi tout se réduit comme peau de chagrin. Des partenariats non onéreux permettent de maintenir, malgré le contexte, certaines animations, d’autres sont prises en charge en interne pour leur éviter de disparaître.

Au final, un constat s’impose : le projet d’établissement mis en place jusqu’à présent doit être redéfini à l’aune de ces nouvelles contraintes. Seule note positive, deux nouvelles bibliothèques ont été ouvertes dans des quartiers en difficulté, même si, là encore, les récents impératifs budgétaires contraignent fortement l’offre qui peut y être proposée aux habitants.

Tous les participants tiennent à apporter leur soutien plein et entier aux collègues de Limoges et à leur signifier leur collégiale compassion.

Beaucoup regrettent que la culture soit considérée comme une variable d’ajustement, notamment en matière budgétaire sans tenir compte de l’importance des bibliothèques et des services qu’elles rendent à la population d’un territoire.

Ayant connu des situations délicates, certains soumettent à Julien Barlier des pistes de démarches ou d’action afin de parer au plus dur :

  • préserver le coeur de métier, quitte à réduire les horaires
  • s’appuyer sur des collectifs d’usagers qui peuvent jouer un rôle essentiel pour porter auprès des élus le discours sur l’importance des bibliothèques
  • prévenir les conséquences pour les personnels en conduisant une étude RPS afin d’alerter et d’être appuyé par le service RH

D’autres pointent également combien les lendemains de la crise sanitaire et de l’effort financier consenti jusqu’ici pourrait retomber notamment sur les budgets des établissements culturels, parmi lesquels les bibliothèques, dans d’autres villes. Plaider encore et toujours sur le rôle des bibliothèques, comme évoqué précédemment, paraît là aussi une nécessité.

L’ouverture de l’Antipode à Rennes, par Thierry Fouillet (BM de Rennes)

Inaugurée en octobre 2021, le nouvel équipement, baptisé l’Antipode, vient poursuivre le renouvellement régulier du réseau des 11 bibliothèques de quartier de Rennes (12 avec les Champs-Libres) qui a déjà connu d’autres ouvertures en 2009 et 2011 par exemple, ou la transformation d’une bibliothèque en espace-lecture.

Dans le cas de l’Antipode, il s’agit même du transfert d’un ancien équipement depuis le quartier prioritaire Cleunay vers le nouveau quartier de la Courrouze (et vers la nouvelle ligne de métro), le nouvel équipement se situant entre ces deux quartiers.

En phase opérationnelle depuis 2013, le projet a largement impliqué les usagers notamment dans la préfiguration du futur lieu au travers de plusieurs Biblioremix organisés tout au long de la phase d’élaboration. En interne, une GED commune a permis de centraliser tous les documents du projet. Si les équipes ont bien entendu travaillé sur de nombreux plans, la préparation de l’aménagement intérieur a surtout bénéficié de la réalisation d’une maquette 3D (SketchUp), autorisant de tester à l’envi toutes les configurations envisagées.

Ouvert en septembre 2021, le bâtiment aux larges verrières qui ouvre sur la ville, conçu par le cabinet Coulon et associés, a été inauguré un mois plus tard. La population a ainsi pu découvrir un Antipode renouvelé de plus de 3 000 m² partagés entre une MJC, une SMAC (Scène des musiques actuelles) et la médiathèque, toutes desservies depuis un hall d’accueil commun (Agora) avec cafétéria et espaces d’animation. La gestion de la structure est d’ailleurs dévolue à l’association déjà en charge du précédent équipement, en partenariat avec les médiathèques de Rennes qui gèrent la bibliothèque et peuvent utiliser l’auditorium et les espaces pour des concerts, animations et autres médiations. Ce partenariat est aussi fructueux quant à l’offre de collections de la bibliothèque avec le prêt d’instruments de musique, pensé pour renforcer les liens avec la SMAC et favoriser les pratiques amateures.

Pour l’heure, les retours dans la presse locale, venue couvrir le week-end d’inauguration où se sont pressés 6 100 visiteurs, montrent combien les habitants semblent apprécier cette Antipode aussi proche d’eux et de leurs besoins.

La Bpi indique son intérêt pour organiser un forum sur les équipements mutualisés.

Des exemples similaires sont signalés par les membres présents :

  • le pôle culturel Croix-de-Neyrat à Clermont-Ferrand avec une médiathèque et un pôle de pratiques musicales
  • la médiathèque Saint-Pierre à Nancy où se trouvent également une mairie de quartier et le CCAS.
  • un projet dans le Val d’Oise de relocalisation de la BD Val d’Oise à la place de l’ancien TGI de Pontoise

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André-Pierre Syren signale que l’Enssib va recentrer ses traditionnelles Estivales sur la question des métiers avec une nouvelle formule, rebaptisée Le Printemps des Métiers, qui aura lieu le 12 mai 2022.

Publié le 11/04/2022 - CC BY-SA 4.0

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