Appartient au dossier : En stage de professionnalisation à Barcelone

Des exemples de prestations assurées par la Gerencia de biblioteques
Par Jérémy Paillet, Élève conservateur territorial de bibliothèques - Promotion Gerda Taro et Robert Capa

L’éventail de prestations offertes par la Gerencia est très large. De la création de bibliothèques à la mutualisation des ressources numériques, en passant par les services des bibliobus, ces prestations sont délivrées à l’ensemble du réseau, soit de manière ciblée (constitution d’une offre documentaire), soit sous forme d’appel à projets (Bibliolab), pendant que d’autres prestations de support sont mobilisables tout au long de l’année via certains services (statistiques). Signalons que compte tenu des contraintes de temps, toute la richesse des prestations du service central n’a pu être explorée : la présentation qui suit est donc à considérer comme un épitomé plutôt qu’un exposé exhaustif de l’action de la Gerencia.

La constitution d’une offre documentaire : entre prestation centralisée et adéquation locale

À l’occasion de la création de chaque nouvel établissement sur le territoire, le service central prend en charge les dépenses d’investissement, c’est-à-dire la constitution du fonds documentaire de départ, à hauteur de 70% du budget total. Les communes réalisent l’investissement restant de 30% leur permettant, notamment, de faire des acquisitions thématiques en fonction de leur spécialité. En effet, au sein de la province de Barcelone, la grande majorité des bibliothèques possède une thématique spéciale, souvent en lien avec des caractéristiques du territoire. Cette spécialisation contribue à la constitution d’un réseau provincial très complémentaire en termes d’offre de lecture publique.
Par la suite, la Gerencia s’occupe du renouvellement du fonds (achats de nouveautés, réactualisation de certains ouvrages…) en collaboration avec le réseau. Pour ce faire, des commissions thématiques (supports, publics,…) composées à la fois de bibliothécaires du service et de bibliothécaires du réseau sont mises en place une fois par mois. Ces réunions permettent d’établir une première liste de nouveautés à acquérir, soumise à chaque bibliothèque du réseau pour que chacune puisse éventuellement l’amender, le plus souvent pour y intégrer des documents en lien avec la spécialisation de l’établissement. C’est, en fin de processus, la Gerencia qui centralise tous les achats et distribue tous les documents sur le réseau. Il est intéressant de constater qu’il existe une politique documentaire à l’échelon du département, qui facilite le processus d’acquisitions pour l’ensemble du réseau ; pour autant, la diputación incite les bibliothèques à développer leur propre politique documentaire, afin que l’offre de documents soit la plus adaptée à leurs caractéristiques locales, là où la politique documentaire départementale reste d’inspiration très généraliste. À l’heure actuelle, ce sont un peu plus de la moitié des bibliothèques de la province qui se sont dotées de leur propre politique documentaire. dépenses d’investissement, c’est-à-dire la constitution du fonds documentaire de départ, à hauteur de 70% du budget total. Les communes réalisent l’investissement restant de 30% leur permettant, notamment, de faire des acquisitions thématiques en fonction de leur spécialité. En effet, au sein de la province de Barcelone, la grande majorité des bibliothèques possède une thématique spéciale, souvent en lien avec des caractéristiques du territoire. Cette spécialisation contribue à la constitution d’un réseau provincial très complémentaire en termes d’offre de lecture publique.

Photographie de la cuisine de la bibliothèque Santa Coloma de Gramenet
Cuisine de la bibliothèque Santa Coloma de Gramenet, © Jérémy Paillet [CC-BY-SA],
projet précurseur en termes d’innovation et de participation citoyenne 

Le Bibliolab : conjuguer innovation culturelle et implication citoyenne

En 2017, le service central a mis en place le Bibliolab, une instance dont le rôle est d’accompagner la modernisation de l’offre de services du réseau au prisme de l’implication et de l’action citoyenne. Des projets épars avaient déjà été menés et accompagnés par le service central ces dernières années (Living Lab, ateliers de cuisine participatifs…) : la naissance du Bibliolab vise maintenant à donner un cadre plus formel à la promotion de ces initiatives, en y attribuant notamment un budget et un personnel dédiés. La démarche est simple : la Gerencia, via le Bibliolab, émet des appels à projets auprès des bibliothèques du réseau ; elle sélectionne ensuite les projets les plus intéressants et y apporte une subvention, complétée par un investissement financier de la commune et/ou par des appels au mécénat, ainsi qu’un appui logistique. Il existe deux prérequis pour bénéficier du soutien du Bibliolab : que le projet retenu se fasse encollaboration avec au moins un acteur local (qui ne soit pas une bibliothèque) et qu’il mette le citoyen au cœur de son action. Le Bibliolab porte une philosophie innovante, de laquelle se dégagent deux grands principes. Le premier est que l’adaptation des bibliothèques au XXIe siècle ne pourra se faire sans la contribution du citoyen : le faire participer à l’élaboration de l’action publique est une opportunité de dessiner des futurs services plus en phase avec les attentes de la société. Le deuxième principe est la revendication d’un droit à l’expérimentation : oser des projets innovants avec le soutien des citoyens, c’est accepter les risques qui s’y rattachent, comme voir un projet ne finalement pas trouver son public, voire échouer. Le proche avenir dira si cette philosophie aura été porteuse. En effet, le Bibliolab inauguré en 2017, finance les premiers projets retenus en 2018 : à ce titre, un premier budget de 150 000 euros a été attribué, pour financer entre 10 et 15 projets sur toute la province.

post-it à la bibliothèque de la Sagrada Familia
Mur de post-it à la bibliothèque de la Sagrada Familia, © Jérémy Paillet

Le service statistiques : évaluation, qualité et prospective

Le recueil de données statistiques est une tradition sur le réseau de la province de Barcelone. En effet, un tel recueil s’effectue chaque année depuis 1922. Le service statistiques centralise un peu plus de 6 millions de données chaque année concernant les différentes bibliothèques (prêts et retours, accès à Internet, réservations…), complétées ensuite par certaines données spécifiques transmises par les bibliothèques elles-mêmes (participants à une action culturelle, nombre de visiteurs…). Ce corpus de données donne ensuite lieu à l’érection d’un bilan annuel pour chaque bibliothèque, bilan recensant de nombreuses données quantitatives sur l’activité de l’établissement et les mettant en perspective par rapport à l’activité globale du réseau. C’est à partir de ces bilans que le service statistiques fournit son aide aux différents responsables du réseau : plans d’amélioration stratégique, ateliers d’innovation, mise en relation des bibliothèques pour partage de bonnes pratiques, bilans comparatifs entre bibliothèques d’une même zone… En outre, le service statistiques s’intéresse de près à la mesure de l’impact des bibliothèques, en tentant de mesurer le coût des services et la valeur de ces mêmes services pour l’usager, mais également en mettant en valeur l’impact social (« retour sur investissement social ») de l’action des bibliothèques et en envisageant ce que serait l’impact socio-économique si les services fournis par la bibliothèque n’existaient pas ou étaient fournis par d’autres acteurs. Les résultats de ces études, régulièrement communiqués au réseau, donnent des arguments de taille aux responsables d’établissement pour défendre leurs projets auprès des décideurs politiques. 

Publié le 20/06/2018

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