Écrire le cinéma : naissance d’un projet au temps de la COVID-19
Par Montserrat Álvarez Massó et Jaume Felipe, du réseau des bibliothèques de Barcelone

Ce projet a été conçu entre juin et juillet 2020 avec la collaboration de La casa del cine.
La Casa del Cine est une école de théorie et de réalisation cinématographique ainsi qu’un laboratoire de projets audiovisuels et d’expériences cinématographiques, située à Barcelone. La participation de La Casa del cine au projet a permis au projet d’atteindre un haut niveau de qualité. 

À tout moment, nous avons envisagé la possibilité de développer totalement et / ou partiellement le projet en format virtuel aussi bien qu’en présentiel. Au début, huit des bibliothèques ont décidé d’opter pour le format en présentiel. Cependant, la semaine même où l’atelier devait commencer, de nouvelles mesures ont complètement restreint les activités de la bibliothèque. Ainsi, en 48 heures, la version virtuelle est devenue opérationnelle.

Avec ce projet, nous avons voulu  faire un pas en avant dans la participation du public en le rendant actif,. Nous avons proposé de nouvelles expériences participatives dans lesquelles les utilisateurs sont des auteurs et des créateurs de contenus. De cette envie est né Écrire le cinéma, un projet qui met en jeu les connaissances et la créativité préalables de l’utilisateur dans un atelier de critique cinématographique. L’activité a fourni aux participants des lignes directrices et des clés pour la contextualisation et l’interprétation des œuvres, la connaissance du langage audiovisuel et la création écrite.

Les objectifs du projet sont :

• Former les utilisateurs à la critique cinématographique, en leur offrant une perspective globale à la fois sur l’histoire du cinéma et sur la méthodologie de ce genre littéraire, afin qu’ils puissent faire des textes critiques sur des films pertinents  de différentes époques, styles et genres.

• Encourager l’esprit critique des utilisateurs  en les invitant à réfléchir à la manière dont le cinéma a traité un sujet particulier. Une réflexion liée à l’histoire, à la culture, à la société, à la politique et à l’art.

• Transformer les utilisateurs en créateurs de contenu. Les personnes qui utilisent les bibliothèques ont généralement leurs propres critères de culture. À travers leurs textes, nous voulons mettre en valeur ce qu’ils pensent, ce qu’ils ressentent devant un film, et qu’ils puissent le partager avec d’autres personnes, au-delà de la communauté des utilisateurs habituels.

• Accroître la visibilité des canaux de communication de la bibliothèque. En encourageant la participation et la création de contenus, la diffusion des créations des usagers peut se faire via de nouveaux réseaux. 

• Dynamiser les collections de cinéma physiques et virtuelles des bibliothèques.

Le programme d’enseignement vise à esquisser de manière pratique l’objectif de la critique cinématographique: analyse culturelle, analyse formelle, diffusion de films significatifs, appréciation de leur importance historique, avis motivé.

– La critique comme genre littéraire.

– La critique comme récit.

– La critique comme texte philosophique / esthétique.

– Mécanismes pratiques pour transférer la pensée et le regard critique sous forme de texte.

Thémes et sous-thèmes

Le thème choisi pour cette première édition de l’activité est «Utopie vs. Dystopie. Le regard cinématographique et graphique du futur ».

La pandémie, avec tous ses effets connus et inconnus (la crise économique, l’isolement des personnes et des communautés, ses effets psychologiques, le changement des habitudes sociales, etc.), a fait réfléchir toutes sortes de penseurs  à l’avenir qui nous attend. Sous l’égide «Utopie vs. Dystopie. Le regard cinématographique sur le futur» nous travaillerons sur sept sous-thèmes:

– Paradis rêvés

– L’utopie quotidienne: luttes, défis et échecs.

– Illusions.

– Utopies politiques, scientifiques et sociales.

– L’avenir en noir: les dystopies.

– Paysages après l’apocalypse.

– Sociétés alternatives.

Le choix des films répond aux critères suivants:

– Qualité et importance historique du sujet.

– Diversité dramatique et stylistique. Large éventail de genres et d’époques (documentaire, comédie, science-fiction, fantastique, etc.).

Ces sous-thèmes et la sélection des films correspondants ont été présentés aux bibliothèques participantes, qui en ont choisi un différent chacune. Une fois le sous-thème choisi, la bibliothèque a entamé le processus de sélection des participants à l’atelier (avec un minimum de 10 personnes et un maximum de 15).

Les ateliers ont eu lieu entre les mois d’octobre et décembre 2020. Ils comprenaient quatre sessions d’une durée de deux heures. 

Avec une participation de 70 personnes, 60 critiques de films ont été écrites. Les critiques ont été validées et corrigées par l’animateur de l’atelier afin de préparer leur publication. Les critiques doivent être signées par l’auteur, en citant la bibliothèque grâce à laquelle elles ont été conçues , ainsi que le titre du projet «Écrire le  cinéma».

La diffusion des critiques se fera dans la bibliothèque virtuelle du Réseau de bibliothèques. 

En clôture de l’atelier, une Master Class a été organisée. Le 15 décembre, les participants ont eu l’occasion d’échanger, de poser des questions et d’exprimer leurs  doutes sur leur expérience  de critique de cinéma avec Antonio José Navarro critique à  «Dirigido por» et Àngel Quintana critique à   « Caiman, Cuadernos de cine » , professeurs d’université et grands connaisseurs des festivals de cinéma. Ils ont exposé les divergences de leurs lignes éditoriales. La réunion a été animée par Mònica Jordan, critique et programmatrice du festival du film.