Objectif de l'action :
La médiathèque François Mitterrand de Lorient possède, depuis de nombreuses années, un espace de formation et d’autoformation dédié aux technologies de l’information et de la communication (TIC).
Un des objectif de cet espace, appelé « Logithèque » est de permettre à un public de migrants d’apprendre le français sur des plateformes d’apprentissage numérisées. Ce service est un vecteur non négligeable en termes d’e-inclusion et de cohésion sociale pour le public visé.
Description de l'action :
Quand des primo-arrivants viennent pour la première fois à la logithèque, ils sont accompagnés par des bénévoles d’associations qui leur montrent les possibilités d’utilisation de la médiathèque et son intérêt : lieu ouvert, gratuit où l’on n’a de compte à rendre à personne et encore moins sur son origine. Cet accompagnement est, dans la plupart, des cas, spontané et informel sinon un rendez-vous est dûment organisé.
Le libre accès à Internet ainsi que les méthodes d’apprentissage du français via des plateformes de e-learning retiennent l’attention du public migrant. Après une première médiation et une présentation des outils d’apprentissage en petit groupe par un des deux animateurs de la logithèque, les plus motivés reviennent utiliser nos ressources.
Moyens humains et techniques :
Deux animateurs à temps plein gèrent la Logithèque. Nous nous occupons de la mise en marche des outils multimédias, des ordinateurs, des logiciels comme Tell me more, Rosetta Stone, Eurotalk, Voicebook, Commest multimédia-niveaux de A1 à C2 et de la présentation des sites Internet pertinents pour l’apprentissage du français : lepointdufle.net… De même, nous conseillons nos utilisateurs dans le choix des méthodes d’apprentissage du français.
Partenaires impliqués
Nous travaillons de façon informelle avec :
- le Centre d’accueil des demandeurs d’asile (CADA) de Lorient,
- La Cimade,
- le Centre d’étude et d’action sociale (CEAS),
- l’association Patronage laïque de Lorient (PLL),
- le Centre social du Bois-du-Château.
Mise en oeuvre :
Lors de la création de la Logithèque, 2 cabines étaient réservées exclusivement à l’apprentissage des langues. Si une forte majorité d’utiliseurs sont Français avec l’objectif d’acquérir des notions d’anglais, espagnol ou italien, nous recevons, depuis 3 ans, un public étranger, principalement des primo-arrivants, ayant besoin d’apprendre le français. Le nombre d’ordinateurs offrant des méthodes de langues ont donc triplé.
Résultat et perspective :
En 2013, 560 heures d’apprentissage du français en e-learning ont été compabilisées soit 25 % du total des heures consacrées à l’apprentissage d’autres langues comme l’anglais, l’allemand, l’italien, le russe.
L’apprentissage du français avec des méthodes outillées par le numérique ayant l’avantage d’être une pratique en immersion linguistique intuitive et ludique, nous constatons une appétence des apprenants, une motivation et une assiduité étonnante malgré leurs conditions de vie précaires. La majorité d’entre eux ne réclament quasiment aucune aide aux animateurs de la Logithèque d’où notre étonnement concernant leur facilité d’utilisation du numérique. Cette compétence laisse entrevoir une forte qualification dans leur pays d’origine.
Ces séances, face-à-face avec un ordinateur et un programme d’apprentissage du français, permettent de pallier un manque de formations proposées par les associations et institutions lorientaises impliquées dans l’accueil des primo-arrivants, fautes de places, de compétences, de budget…
Entre septembre 2012 et septembre 2013, sur les 73 primo-arrivants venus à la Logithèque apprendre le français :
- 75 % étaient originaires du Caucase : Géorgie, Arménie, Ossétie du Nord ou du Sud, Tchétchénie, Daghestan ou Ingouchie,
- 12 % venaient des Balkans (Albanie ou Kosovo),
- 13 % provenaient du Kurdistan, de Mongolie, de l’Inde et de l’Afrique (une personne venant du Nigeria).
Nous avons aussi constaté que 87 % des apprenants sont des femmes ce qui peut s’expliquer par le fait que les hommes très occupés à rechercher un emploi ou à travailler sur des chantier d’insertion… ont peu de temps à consacrer à l’acquisition du français.
La moyenne d’âge de ce public est de 30 ans.
Une fois le lieu appropriée et la confiance instaurée, nous nous rendons compte d’un certain pouvoir d’agir de nos utilisateurs primo-arrivants avec le numérique et leurs besoins portent alors principalement sur.
- le scannage des documents administratifs,
- la rédaction de CV,
- la recherche des offres d’emplois sur Internet,
- le besoin de garder contacts « avec ceux qui sont restés » via les réseaux sociaux ou Skype,
- la traduction de documents par le biais des traducteurs automatiques,
- le renouvellement de leur demande de titre de séjour par Internet.
Certains d’entre-eux prennent une carte d’abonnement afin d’emprunter des albums pour enfants, des films, des CDs musicaux, des méthodes de langues… Ainsi, l’appropriation du lieu est totale.
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