L’Agora de Metz, un équipement à haute qualité humaine

Partir du centre des congrès, vérifier deux fois l’itinéraire envoyé par les organisateurs, prendre le tramway, descendre à l’arrêt indiqué, se retrouver dans un quartier loin du centre, marcher avec hésitation pendant quelques mètres et soudain découvrir la masse rassurante du bâtiment : vous êtes arrivé, comme pourrait le dire un GPS mental.

Sur le seuil de L’Agora, Marie-Paule Doncque, la responsable de la médiathèque et notre guide, prévient : « si le bâtiment est à haute qualité environnementale (HQE), il est surtout à haute qualité humaine ». La visite ne fera que confirmer cette sentence liminaire.

Le projet lui-même porte de grands objectifs culturels et sociaux, notamment de rééquilibrage dans la ville pour ce quartier de La Patrotte – Metz Nord, classé en politique de la ville. 

En regroupant une médiathèque et un centre social, ainsi qu’un espace numérique, il vise à travailler la cohésion sociale pour les habitants du quartier, ce qui lui a permis d’obtenir le soutien du fonds européen FEDER, comme celui de la Ligue de l’enseignement.

Inauguré en 2018, le bâtiment est désormais à disposition des habitants qui se sont emparés en nombre, hors période de crise sanitaire, de ses 2 446 m² – sans compter le parvis – ouverts largement (56 heures/semaine) et qui bénéficient de la gratuité totale proposée par les médiathèques de Metz. 

Dès l’entrée, l’espace est ouvert et multiple. Cette agora remplit plusieurs fonctions : les traditionnelles bornes d’emprunt/retour côtoient un café pour se retrouver et échanger.

Entre les deux se déploie l’accueil de L’Agora. Co-existence des deux équipes oblige, la médiathèque et le centre social ont chacun leur accueil dédié, même si cet accueil peut se faire évidemment à bien d’autres endroits que ce soit pour l’équipe de la médiathèque ou a fortiori pour le centre social qui a besoin parfois de recevoir les habitants en toute confidentialité.

Plus globalement, tous les espaces se doivent d’être plastiques et peuvent changer de fonction au fil de la journée selon les besoins et les activités mises en place.

Au premier étage, se déploient l’espace numérique et ses ordinateurs face aux vitres. Du côté de la voie de chemin de fer qui jouxte le bâtiment, c’est le royaume des adolescents avec force poufs et autres confortables assises devant les collections de BD, mangas et littérature Young Adult. Clin d’œil de l’architecte au trafic ferroviaire voisin, le mur est conçu comme un rappel des parois de trains à grande vitesse : L’Agora, à nous de vous faire préférer la lecture ?

Dans le même esprit, à l’étage supérieur, les romans prennent place sur un rayonnage qui file le long du mur avec une signalétique volontairement réduite au minimum. 

Enfin, juste après la grainothèque, la terrasse est là pour accueillir les usagers qui souhaiteraient prendre le frais tout en lisant ou en utilisant les éléments d’activité à disposition.

En redescendant d’un étage, on trouve différents espaces qui servent notamment pour les activités proposées par le centre social : une salle d’art plastique, un studio de danse ainsi qu’une micro-folie.

Autre équipement, moins répandu, et point d’orgue de la visite : la cuisine pédagogique. Totalement opérationnelle, elle permet de proposer des animations nouvelles autour de la préparation de repas, l’occasion de mettre à l’honneur les cultures des participants, mais aussi de parler et de bien manger.

Et quel plus beau signe de succès que de voir des adolescents du quartier accepter d’enfiler les charlottes en plastique, aussi seyantes qu’obligatoires, et se mettre aux fourneaux pour proposer un repas qu’ils ont ensuite eu la fierté de servir ? La cuisine fait parfois des miracles.

Au-delà du bâtiment, l’équipe de L’Agora de Metz est pleinement actrice des innovations mises en place. Déjà dans sa composition, elle regroupe 18 bibliothécaires, d’un côté, et 22 travailleurs sociaux, de l’autre. Le comité directeur est, dès lors, un trio composé de la direction de la médiathèque, de celle du centre social et d’une coordination globale pour l’ensemble de L’Agora.

Si chacun apporte sa culture professionnelle et ses pratiques au projet, tous sont avant tout mus par l’envie d’une connaissance des publics approfondie. Sur ce point, avantage aux collègues du centre social qui disposent d’informations très détaillées sur leurs bénéficiaires, de par leurs missions et l’accompagnement qu’elle leur propose. 

Pour autant, l’équipe de la médiathèque n’est pas en reste et travaille également à mieux connaître ses usagers, quitte à prendre son bâton de pèlerin pour des randonnées urbaines à la rencontre des habitants du quartier. 

De cette façon, on voit comment la rencontre de ces deux équipes peut permettre à chacun d’enrichir ses manières de faire, et en particulier de travailler la relation avec les usagers, et au-delà les habitants du quartier. 

De même le Comité de gouvernance qui pilote L’Agora comprend en son sein, en plus des agents de l’établissement, des relais associatifs, des bénévoles et d’autres intervenants extérieurs du champ social.

Comme souvent, le travail de l’équipe consiste aussi à solliciter des partenaires extérieurs et nouer des relations étroites avec eux. Dans un quartier où le tissu associatif est peu développé, la médiathèque permet de le revivifier, notamment en accueillant les initiatives portées par ces partenaires. Mais ce travail de partenariat demande de la patience pour tenir sur le long terme et pérenniser les relations, au-delà de rapprochements ponctuels. « Un travail au point de croix », précise Marie-Paule Doncque.

Il est vrai que, même si l’on n’est pas dans le Nord, la visite nous aura montré qu’à Metz aussi les collègues savent faire dans la dentelle.

Pour profiter d’une visite virtuelle du bâtiment, rendez-vous sur : https://agora.metz.fr/a-propos/visite-virtuelle/