Podcast en bibliothèque, mode d’emploi

Préproduction : scénariser ses contenus

Lister les podcasts existants sur le sujet

Avant de se lancer dans la production d’un podcast, il est préférable de réaliser un relevé des podcasts existants sur les sujets que l’on souhaite traiter, afin d’envisager la meilleure manière de s’en démarquer, tant sur le fond que sur la forme. En un mot : comment être original·e ? Et comment mettre en valeur son identité de bibliothèque au sein du podcast ?

Définir un format déclinable sur plusieurs épisodes et choisir le ton de son podcast

Puis, il faut structurer son podcast, en imaginant un format qui puisse potentiellement être décliné sur plusieurs épisodes. Il est notamment nécessaire de réfléchir à la durée et à l’enchaînement des prises de paroles et des interludes musicaux. Il s’agit de disposer d’un contenu structuré et dynamique, qui maintient l’attention en éveil. 

Il faut également décider du ton à adopter. Souhaite-t-on se mettre en retrait pour laisser place à la parole d’un·e intervenant·e, ou au contraire être dans un dialogue actif, voire animer ses propres rubriques ? Veut-on adopter un ton institutionnel ou plus oral ? Préfère-t-on éviter l’usage des pronoms personnels, ou alors dire « nous », ou encore « je » ? Fixer le conducteur de son podcast

Concevoir l’habillage musical

Concernant la musique, à défaut de profiter des talents d’un·e bibliothécaire ou d’avoir le budget nécessaire pour financer la création d’une musique originale, on peut se référer aux nombreuses bases en ligne qui proposent des musiques gratuites et libres de droits. 

Les génériques et virgules musicales sont généralement constitués de différents moments d’une même partition, afin de maintenir l’identité et la cohérence sonore de vos épisodes. 

Rédiger l’introduction et la conclusion génériques

Le texte de présentation est généralement bref et indique d’abord le titre, qui est de préférence court, clair et incitatif, puis la problématique abordée, et enfin s’il y a lieu, les noms des intervenant·es. Le générique de fin rappelle les noms des technicien·nes, des structures de production, et des autres personnes impliquées dans la création. 

On aboutit ainsi à un conducteur qui indique les durées (approximatives) des différentes parties, et précise : 

• La musique de générique
• Le titre et le texte de présentation du podcast (en quelques phrases)
• Les virgules musicales
• Les interventions pour les différentes parties
• Le texte de générique de fin (rappelant les noms des techniciens, monteurs, producteurs, et autres intervenants dans la création)
• La musique de fin

Production : art et technique

Investir dans un matériel, même sommaire

Concernant la technique, un matériel sommaire est préférable à des solutions trop artisanales, qui s’avéreraient décevantes. Des enregistreurs portables (ou micros Zoom), en vente dans les grandes enseignes d’électroniques à partir d’une centaine d’euros, allient qualité sonore et facilité d’utilisation. 

Ce type de micro rend possible l’enregistrement en extérieur (par exemple un micro-trottoir) comme en intérieur ; pas besoin d’un studio : une pièce calme disposant d’un minimum d’isolation suffit la plupart du temps. 

Privilégier le format Wav

Lors de l’enregistrement, le format Wav, sans compression, est préférable au format MP3, compressé. Tout en maintenant une bonne qualité, il est facile à manipuler lors de la phase de postproduction puis à exporter pour la diffusion. 

Quelques conseils à suivre pendant l’enregistrement

Quelques précautions sont à prendre pendant l’enregistrement : rester à une distance d’environ 30 cm du micro, et s’assurer de régler le son assez fort, sans le saturer (un écran sur les micros Zoom indique généralement le volume à ne pas dépasser). Équiper le micro d’une bonnette, pour éviter les bruits indésirables lors de la prononciation des consonnes occlusives (p, t, b, d…), est incontournable. De même, attention à s’installer confortablement, pour ne pas bouger pendant l’enregistrement et rester face au micro. Éviter tout ce qui peut entraîner des bruits parasites (feuille de papier manipulée, main qui tape sur une table…).

Il existe également des outils pour les enregistrements à distance. Zoom enregistre gratuitement des pistes sons de moins de 30 minutes. Zencastr propose en outre un fichier d’export avec une piste distincte pour chaque voix, ce qui facilite le montage d’une interview ou d’une discussion. Zencastr propose une version Freemium, suffisante pour une heure d’enregistrement  par mois. 

Les compétences vocales

La dimension artistique n’est pas moins importante : l’oralité est un exercice plus difficile à maîtriser qu’il n’en a l’air… Si l’expression orale est facile et spontanée pour certaines personnes, elle peut pour d’autres s’avérer paralysante – or un ton trop monocorde, des hésitations continues ou un discours confus feront rapidement fuir vos auditeur·rices. 

Maintenir une voix naturelle et énergique suppose quelques artifices : s’entraîner à parler en variant les tonalités, accentuer certains mots, introduire des ponctuations, sourire en parlant (ça s’entend !), etc. De nombreux coachs vocaux proposent des conseils en ligne, ici ou là. 

Pour les lectures de textes longs (extraits d’essais ou de romans par exemple), il est préférable de faire appel à un·e comédien·ne, ou au moins, une personne qui saura « mettre le ton ». En revanche, un format dialogué, de type interview, se prêtera facilement au podcast, à condition de prévoir des questions courtes et de trouver un·e intervenant·e coutumier·ère de la prise de parole. 

Un entretien enregistré est également un exercice qui ne s’improvise pas. Après s’être installé·es de manière confortable dans un lieu calme, il faut poser des questions claires et courtes, sur un seul sujet à la fois, qui appelle une réponse ouverte (pas un oui ou un non). Il faut savoir rassurer et accompagner l’interlocuteur·rice en affichant son calme, son assurance et son intérêt. Il est préférable d’être attentif à ce que la personne qui répond fasse des phrases entières – voire qu’elle reprenne le sujet de la question dans sa réponse si l’on a décidé de couper les questions au montage. Ne pas hésiter à lui demander de reprendre une phrase si elle a bafouillé, le résultat final n’en sera que meilleur. De nombreux guides d’entretiens sont disponibles sur Internet.

Postproduction : le montage et le mixage du podcast

La postproduction d’un podcast consiste essentiellement à couper les parties inutiles et à coller ensemble les extraits intéressants pour former un ensemble cohérent. Il s’agit aussi d’intercaler les pauses musicales, ou d’ajouter éventuellement d’autres effets sonores. Il faut ensuite veiller à égaliser les niveaux sonores des différentes sources, pour que l’écoute soit harmonieuse.

De nombreux logiciels de montage sont proposés sur le marché : Garage Band (sur Mac uniquement), Adobe Audition, Reaper, Ardour (payants), etc. Plusieurs logiciels libres et gratuits sont aussi disponibles : Free Audio Editor, Avs, Wavepad. 

Parmi les outils libres, Audacity présente à la fois des performances étendues et une prise en main rapide, après avoir consulté l’un ou l’autre des nombreux tutoriels proposés en ligne. Il est capable de mixer plusieurs pistes sonores, couper/coller, régler le volume, etc. Audacity gère les différents formats de fichiers audio, et permet d’exporter en Wav ou Mp3 pour la diffusion. 

Diffusion : un podcast accessible à toutes et tous

Il est possible de déposer le fichier audio de votre podcast sur vos serveurs pour le rendre accessible via votre site web. Néanmoins, cette solution présente deux inconvénients : la surcharge de vos serveurs (les fichiers audios sont assez volumineux) et le temps de chargement du podcast pour vos auditeur·rices. C’est pourquoi il est conseillé de déposer de préférence ses fichiers sur une plateforme dédiée.

De multiples plateformes gratuites ou peu onéreuses sont à votre disposition. Elles hébergent vos fichiers audios, accompagnés d’une courte description et d’un visuel (vignette illustrative, rappelant le titre du podcast). Il suffit ensuite d’importer son fichier Wav ou Mp3 qui est ainsi disponible en ligne. 

Plusieurs formules d’hébergement et de diffusion existent :

• Gratuites et performantes : Spotify for Podcasters, Arte Audioblog, Youtube. Spotify for Podcasters propose, en plus de l’hébergement, la diffusion sur différentes plateformes comme Itunes et Deezer.
  
• Formules Freemium, qui présentent des fonctionnalités réduites et un nombre limité de fichiers, et proposent une formule payante plus performante (compter une dizaine d’euros par mois). C’est le cas de Soundcloud, Podbean, Podbean, Buzzsprout.
  
• Pour une vingtaine d’euros par mois, Acast ou Ausha vous proposent, en plus de l’hébergement, la diffusion sur l’ensemble des plateformes d’écoute. 

Chacune de ces solutions permet de disposer d’un lien ou d’un code embed qui s’intègre aux pages de vos sites web et sur les réseaux sociaux. Le code embed, en html, s’insère sans difficulté dans un bloc dédié sur WordPress ou Drupal. 

Réaliser les premiers épisodes d’un podcast nécessite de consacrer un peu de temps à la préparation et à la prise en main des différents outils. Cependant, même si l’exercice reste assez chronophage (notamment dans sa phase de montage), vous vous rendrez vite compte que le podcast est un format accessible et ludique à créer !

Pour aller plus loin

Créer son podcast

Boeuf, Pénélope
First Editions, DL 2021

Une méthode de création de service audio à la demande, de la définition de l’idée à la diffusion en passant par le matériel et les techniques de montage. Avec des précisions historiques et des informations sur les créateurs de contenu.

681.51(076) BOE

L'art du podcast : le guide complet pour vous lancer ! : de l'idée jusqu'à la monétisation, 7 étapes pour réussir votre projet

Gmür, Noémie
Éditions Eyrolles, DL 2021

Un guide pratique en huit étapes pour concevoir et produire un podcast, le marketer, le diffuser et le monétiser.

681.51 GMU