Les publics du champ social et l’action culturelle à la Bpi

Le service Développement des publics de la Bpi met en place des médiations spécifiques adaptées aux publics du champ social, pour accompagner la programmation culturelle, notamment lors des expositions et du festival littéraire Effractions.

Ces médiations ont pour objectif de promouvoir l’action culturelle de la Bpi auprès des publics en situation de précarité, et donc d’affirmer que cette programmation est conçue pour toutes et tous. Elles permettent par ailleurs d’établir un lien entre les publics du champ social et l’institution, en favorisant une approche culturelle originale et ludique.

Les publics ciblés par ces médiations sont pour une part les publics du champ social qui connaissent déjà la Bpi car ils la fréquentent dans le cadre d’un partenariat déjà institué. C’est le cas, par exemple, des mineurs non accompagnés qui viennent à la Bpi sur des temps de fermeture pour utiliser les ressources de l’espace Autoformation. Mais ces actions visent aussi les publics qui ne connaissent pas encore la bibliothèque et qui la découvrent par le biais de la programmation.

Ces médiations sont toujours conçues pour des groupes constitués et jamais pour des publics individuels, plus difficiles à toucher s’ils ne sont pas accompagnés par une association ou une structure sociale.
À ce jour, nous ciblons principalement les publics en apprentissage du français, les jeunes en insertion, les personnes en situation de grande précarité (notamment les personnes sans domicile) et les détenus avec qui les médiations sont réalisées hors les murs.

Constitution des groupes : l’importance des partenariats

Les relais du champ social sont informés par une lettre numérique qui présente les activités pouvant intéresser leurs bénéficiaires. Ils sont invités à se manifester s’ils souhaitent faire participer un groupe à une médiation. Les médiations sont aussi annoncées dans la lettre d’information diffusée par la mission Vivre ensemble du Ministère de la culture et sur le site internet du festival Effractions.

Certaines structures sont également démarchées par le service Développement des publics pour participer aux médiations. Par exemple, lors de la dernière édition du festival Effractions, nous souhaitions toucher davantage de jeunes adultes. Des structures telles que des Espaces dynamiques d’insertion, qui accueillent des jeunes entre 16 et 25 ans peu qualifiés, ont été contactées par nos services pour se voir proposer une médiation spécifique.

Des médiations spécifiques : livrets d’accompagnement et ateliers d’expression

Pour accompagner la visite, on propose aux participant·es un livret en français facile. Il est rédigé par les bibliothécaires qui reprennent les consignes du Facile à lire (phrases courtes, vocabulaire simple ou explicité, mise en page aérée, illustrations).

Après l’exposition, le groupe est invité à participer à un atelier. Généralement, deux types d’ateliers sont possibles :

  • un atelier créatif – arts plastiques ou écriture – en lien avec le propos de l’exposition ;
  • un atelier d’expression à voix haute, également en lien avec le propos de l’exposition, et qui se déroule au sein même de la scénographie. 

Ces ateliers sont animés par des intervenant·es professionnel·les, auteurs et autrices, comédiens et comédiennes, habitué·es aux publics ayant des besoins spécifiques.

Les médiations pendant le festival littéraire Effractions

La programmation du festival se déroule sur cinq jours, du mercredi au dimanche, les après-midi. On accueille les groupes du champ social généralement le matin, le jeudi, le vendredi et éventuellement le samedi, avant les rencontres programmées pour le public. Les ateliers se déroulent dans les espaces du festival au niveau – 1 du Forum. Ils permettent aux participant·es d’être intégré·es au festival, quel que soit leur niveau de lecture et de français.

Un roman est sélectionné parmi ceux de la programmation du festival. C’est une étape importante car les structures sociales sont généralement sensibles à l’œuvre choisie et s’assurent que leurs bénéficiaires y trouveront un intérêt. Plusieurs critères sont à prendre en compte :

  • la longueur du roman : idéalement 100-150 pages ;
  • le niveau de langue : on privilégiera une langue accessible ;
  • la thématique : on évitera les sujets pouvant créer la polémique au profit de sujets fédérateurs tels que la nature, le sport, la famille.

Quelques exemples :

En 2023, les œuvres retenues étaient Le Dernier des siens, de Sibylle Grimbert (Anne Carrière, 2022), et Les Enfants endormis, d’Anthony Passeron (Globe, 2022).

Photo de 4 participants à un atelier de théâtre organisé dans le cadre du Festival Effractions en 2023
Atelier de théâtre organisé lors du festival Effraction, 2023 © Bpi

Exemple de contenu proposé : atelier d’écriture « Dans la peau d’un pingouin » d’après Le Dernier des siens de Sibylle Grimbert

L’objectif de cet atelier n’est pas d’animer un cours de français, mais une approche créative et ludique de l’écriture. Les propositions sont progressives et ajustées au groupe en fonction de son niveau de langue. L’oral, l’échange collectif et le dessin peuvent accompagner l’écriture si nécessaire.

L’atelier d’écriture créative propose des jeux d’écriture à partir de Le dernier des siens de Sybille Grimbert. Le roman présente une histoire d’amitié entre un pingouin dont l’espèce a disparu en 1844 et un zoologiste. Le roman permet d’accéder à l’intériorité de l’animal, mais conserve un regard humain dessus. L’atelier propose d’entrer dans la peau du pingouin et même de lui donner la parole. Place à l’imaginaire !

► Parler pingouin — Dialogue ludique
► Observer l’humain du point de vue de l’animal
► Vivre en cage ou disparaître – Petits récits

Photo de l'affiche du festival Effraction 2023 avec en arrière plan les participants à l'atelier d'écriture

L’accueil des groupes pendant le festival comprend les étapes suivantes (durée totale : 2 heures) :

  • une rapide présentation du Centre Pompidou et de la Bpi si le groupe n’est jamais venu ;
  • une présentation du festival, et notamment de sa thématique « littérature du réel » ;
  • la remise d’un sac contenant un livre d’un auteur·ice invité·e, des goodies ;
  • la présentation du livre sélectionné ;
  • l’atelier animé par un ou une intervenant.e professionnel.le (1h15).

En fonction des ateliers, les participant·es repartent avec leur production littéraire ou artistique.

À ces médiations s’ajoute une action hors les murs en centre de détention liée aux expositions et au festival. À ce jour, nous travaillons en alternance avec Fresnes, Nanterre ou La Santé.

Après les médiations, les accompagnateurs des groupes sont invités à faire un retour sur l’expérience vécue par les bénéficiaires. Les animateurs et animatrices des ateliers font aussi leur bilan. Ces remarques permettent d’adapter les ateliers à venir.

Les structures sont généralement très satisfaites de ces médiations culturelles proposées à leurs bénéficiaires. Ces temps autour de la littérature et de la bande dessinée offrent une respiration dans les programmes de réinsertion ou de formation que les structures dispensent à leurs bénéficiaires. Ce sont des moments fédérateurs pour les groupes et l’occasion pour les accompagnateurs de découvrir leurs bénéficiaires sous un nouvel angle

Publié le 23/04/2023 - CC BY-SA 4.0

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