Christine Carrier (Bpi) est heureuse d’accueillir à nouveau en présentiel les membres du conseil présents. Elle présente les grandes lignes du schéma directeur et la future fermeture du Centre à partir de 2023.
Si les travaux de la Bpi sont également reportés, la bibliothèque retrouve l’entrée commune par la piazza et la circulation de tous les publics, du centre comme de la Bpi, via la chenille désormais remise en état.
Laurent Le Bon a été nommé comme nouveau président du Centre Pompidou et de la Bpi.
Rouverte depuis décembre avec une jauge réduite et l’horodatage obligatoire de ses lecteurs, la Bpi a vu malgré tout son public revenir, et ce sans tensions sur les flux par rapport au nombre de places. Au 30/06, 1 600 personnes pourront être accueillies avant de revenir, à moins d’une nouvelle restriction, à la jauge habituelle de 2 134 personnes le 16 août.
Les Assises de la formation, par Thierry Claerr et Raphaële Gilbert (SLL)
Dans la suite du rapport Orsenna puis des consignes du ministère pour ouvrir plus, accompagnés d’une hausse de la DGD à 103 millions, la proposition de loi de Sylvie Robert a posé l’importance du volet « mieux former » pour les agents en bibliothèque, et en particulier dans le cas des 70 000 collaborateurs occasionnels (anciennement appelés bénévoles).
Ce volet formation recouvre deux enjeux :
adapter les contenus,
construire une offre de formation continue sur le modèle breton et sa commission régionale Évolution des métiers.
Retardée par la crise sanitaire, la réflexion peut s’appuyer sur un partenariat avec le CNFPT, également intéressé par la formation des personnels.
Lancée en mai dernier, la concertation a pour objectifs de réfléchir ensemble aux compétences de métiers qui évoluent mais aussi d’imaginer une manière de mieux former les collègues, y compris post-concours.
Participent aux séances de concertation des organismes de formation (Enssib, CNFPT), l’assemblée des chefs de départements infocom, des responsables des licences et/ou de master, les ministères de la Culture et de l’Enseignement supérieur, la BnF, la Bpi, des DRAC, la Fill ou encore des représentants des associations professionnelles. Il est à noter la présence d’associations d’élus (FNCC, France Urbaine).
Les séances s’échelonneront jusqu’au mois de septembre, avant la restitution en novembre :
état des lieux et prospectives,
formation au long de la vie,
formation initiale et concours,
Outre-mer,
collaborateurs occasionnels.
Pour l’heure, la première séance a été consacrée à un état des lieux à partir des données de l’observatoire de la lecture publique croisées avec celle de l’observatoire du CNFPT. Ce sont ainsi près de 35 000 professionnels et 70 000 travailleurs occasionnels qui sont dans les bibliothèques. Principales évolutions à noter, la part des catégories A a baissé ces dernières années et 1/5e des agents ne sont pas issus de la filière culturelle mais administrative et sociale avec une grande diversité de métiers.
En étudiant les plans de formation de 2018, il apparaît qu’1/3 des agents ont pu bénéficier de formations, avec des effets de seuil : les petites bibliothèques sont ainsi bien desservies par les BDP alors que c’est plus compliqué pour les plus grandes bibliothèques. À l’inverse, 4 500 bibliothèques n’ont bénéficié d’aucune formation. Lorsque les équipes sont réduites, la formation implique la fermeture de l’établissement.
À l’issue de cette première séance un consensus s’est dégagé pour envisager de :
prolonger le recueil des données dans la durée, soit avec le rapport annuel ou tous les deux ans,
réaliser une cartographie des grands domaines de compétences en bibliothèque en vue d’aboutir à un référentiel commun.
D’autres sujets à considérer lors de prochaines séances ont également émergé :
la formation tout au long de la vie (FTLV) : pas toujours lisible, avec parfois des freins,
les formations post-concours : leur durée (seulement 3 à 10 jours pour les catégories B et C), ou leur absence comme pour les bibliothécaires, à la différence des 6 mois pour ceux d’Etat,
la question des concours : les pré-requis demandés (notamment avec la réforme du DUT en BUT), les modalités des épreuves à réformer pour mieux adapter la sélection des candidats,
l’apprentissage à favoriser : peu présent en bibliothèque, alors que c’est un succès en librairie.
Ces séances montrent l’intérêt de poursuivre une réflexion commune sur les évolutions des métiers et des formations, et cela notamment pour permettre une meilleure complémentarité des acteurs de formation et de leurs offres respectives.
Questions :
Christine Carrier (Bpi) pointe le cas du concours BIBAS alors que l’option Histoire de l’Art n’existe plus et demande comment modifier l’accès aux concours.
Raphaële Gilbert (SLL) indique que, dans le cas de BIBAS, les candidats passent par les commissions d’homologation, même si celles-ci ne rendent pas toutes les mêmes décisions. Il serait nécessaire de modifier les décrets qui déterminent les conditions d’accès aux concours.
Émilie Richard (BD du Calvados) explique combien l’exemple breton de coopération régionale a incité à faire la même chose en Normandie entre les différents acteurs de formation. La difficulté demeure d’un manque de pilotage qui permette la réussite de cette coopération voulue par tous.
Interrogée sur les modalités de concours à réformer, Raphaële Gilbert (SLL) évoque la double épreuve de langue du concours de conservateur sans qu’il y ait une coordination des deux jurys, avec la possibilité d’arriver à une note éliminatoire. Lors de l’examen professionnel, le commentaire de texte prend trop de temps sur l’oral avant d’arriver à la discussion sur les motivations professionnelles. Avec les nouveaux BUT il paraîtrait intéressant de pouvoir distinguer les candidats qui connaissent déjà les bibliothèques avec davantage d’épreuves professionnalisées. Enfin, pour les catégories C, les candidats peuvent être interrogés aussi bien sur les musées que les bibliothèques ou les parcs et jardins : on pourrait envisager de proposer des questions plus spécialisées.
Pierre Chagny (Marseille) pointe la question de la littérature jeunesse que peu de candidats, notamment conservateurs, semblent maîtriser alors même qu’elle représente souvent un tiers des futures collections qu’ils auront à gérer.
Raphaële Gilbert (SLL) indique que la réflexion s’est davantage concentrée sur les catégories pour lesquelles la formation post-concours semble manquer (catégories B et C) contrairement aux conservateurs qui suivent 18 mois de formation après un concours, qui plus est, annuel. Se pose, toutefois, aussi la question de l’attractivité des métiers, comme pour d’autres concours de la fonction publique pour lesquels le nombre de candidats a fortement chuté en dix ans.
Pour ce qui est de la concertation avec les centres de gestion, la cartographie générale des compétences pour faire émerger un socle commun entre les différents acteurs sur les grands champs de compétences et la formation initiale est à développer. Cette coopération est facilitée grâce au partenariat avec le CNFPT, notamment pour la comparaison des données de chacun. Encore à ses débuts, ce travail sera prolongé, dans un second temps, par la réalisation d’une cartographie.
Mathieu Desachy (CLL) revient sur les conservateurs dont le nombre en baisse pose la question d’un encadrement qui se réduit. Les conseillers livre et lecture (CLL) doivent souvent faire pression sur les tutelles locales pour qu’un conservateur soit effectivement recruté.
Thierry Claerr (SLL) confirme que cela est souvent lié à un repyramidage des équipes par la tutelle et aux âges des équipes. Le SLL doit lui aussi lutter, aux côtés des CLL, contre ces tentations locales de se passer d’un conservateur, y compris dans le cas de nouveaux équipements.
Christine Carrier (Bpi) demande si une réflexion similaire est envisagée pour les concours d’État, peut-être adossée à celle engagée côté territorial.
Thierry Claerr (SLL) confirme que cela est prévu aussi pour le recrutement côté État mais que le chantier pour l’instant concerne la fonction publique territoriale.
Christine Carrier (Bpi) demande des précisions sur la hausse de la DGD et les éventuels changements de sujets sur lesquels elle peut s’appliquer.
Thierry Claerr (SLL) indique que le plan de relance permet de disposer de 15 millions €/an supplémentaires. La DGD recouvre désormais trois axes :
les projets de nouvelles constructions, comme à Clermont-Ferrand ou à Besançon,
l’extension des horaires d’ouverture,
la rénovation énergétique, à condition qu’elle soit bien intégrée au PSCE.
Bien dépensée l’an dernier, c’est également le cas cette année avec de nombreuses demandes, notamment du fait d’un cycle de construction.
Mathieu Desachy (CLL) note que la fongibilité des enveloppes permet d’éviter des soucis de consommation entre les régions en forte demande et celles où des retards (nouvelles tutelles, crise sanitaire) peuvent décaler certains projets. Il y a même une réelle prise en compte par les élus de la dimensions durable de ces projets pour les entreprises locales ou bien aussi l’emploi de personnes en situation de handicap.
Christine Carrier (Bpi) se réjouit d’un tel intérêt par les élus qui est à saluer. Le choix présidentiel de la lecture comme grande cause nationale pourrait accroître cette visibilité : les associations professionnelles comme les bibliothèques doivent s’emparer de cette opportunité.
La nouvelle bibliothèque dans Paris XIXe Place des fêtes, par Christophe Sené (Ville de Paris)
Christophe Sené (Paris) présente l’un des deux projets commencés sous l’ancienne mandature et actuellement en chantier. Alors qu’une petite bibliothèque de 1 200 m², avec un espace de coworking cogéré avec le CROUS, se construit dans le XIIIe arrondissement, le projet de bibliothèque à l’emplacement de l’ancien lycée Jean-Quarré, à deux pas de la Place des fêtes, est en cours.
Imaginé à partir de 2004, ce projet est ancien mais a connu divers rebondissements et illustre, surtout, les préoccupations actuelles : concevoir un ensemble qui conjugue ambitions culturelles, sociales et environnementales. Il participe aussi d’un mouvement de constructions de plus en plus dans les marges de Paris où des populations trouvent à se loger et, de plus, là où des terrains sont disponibles pour être rachetés.
Le XIXe arrondissement a, de fait, un faible ratio de bibliothèques par rapport à la population, même s’il dispose d’un fort tissu associatif. Les élus de l’Est parisien comme les habitants ont une grande conscience de la lecture publique et sont en demande d’équipements supplémentaires dans le domaine.
Après l’abandon d’un projet vers la porte des Lilas, émerge l’idée d’une médiathèque à Jean-Quarré en 2014. Christophe Sené (Paris) note d’ailleurs que les habitants eux-mêmes ont associé la question de la bibliothèque au renouvellement urbain prévu du quartier : une sorte de design civique spontané.
Suite à l’installation sur le site d’un grand nombre de réfugiés, un arbitrage politique détermine la création d’un centre d’urgence pour accueillir quelques centaines de ces réfugiés.
La réflexion se double des préoccupations environnementales portées par le plan climat et le plan biodiversité 2018-2024 qui prévoient, entre autres, un impératif de constructions bas carbone en 2050 ainsi qu’une réflexion sur la gestion des eaux pluviales.
C’est ce qui conduit à lancer en février 2018 un dialogue compétitif pour l’écoconception de la médiathèque. Quatre équipes d’architectes sont retenues et travaillent à leurs esquisses d’avril à novembre de la même année.
La difficulté vient d’une modification majeure du projet. En effet, un temps sorti du projet, le centre pour réfugiés est à nouveau réintégré mais sous une forme nouvelle dite de Maison des réfugiés. Défini en octobre 2018, il s’agit de proposer un lieu d’information et non d’hébergement visant à créer du lien entre les réfugiés et les habitants du quartier.
Le calendrier des travaux du bâtiment entamés à partir de l’été 2021 doit s’achever mi 2023 pour l’ouverture de la médiathèque qui fera 3 700 m² avec la maison des réfugiés attenante de 1 200 à 1 500 m². Christophe Sené (Paris) précise que le responsable unique de sécurité (RUS) du site sera le directeur ou la directrice de la médiathèque.
En suivant les principes de l’écoconception, les éléments démolis sur l’ancien bâtiment sont réutilisés pour le nouveau. Le bâtiment des années 70 va être ainsi conservé en l’état avec pour seuls ajouts des constructions en bois, en particulier une structure en bois, baptisée le Lien, pour relier les deux entités entre elles. Des panneaux photovoltaïques installés sur le toit couvriront la consommation en électricité du nouvel équipement et un système de ventilation naturelle sera mis en place. En plus d’un jardin privatif pour la bibliothèque, lieu propice pour la lecture, un jardin partagé sera sans doute implanté à côté de la maison des réfugiés, dont les produits pourront servir au café-cuisine pédagogique prévu.
Ce projet s’inscrit également dans la stratégie plus globale de la nouvelle mandature appelée « la ville du quart d’heure ». L’objectif est ainsi de permettre à chacun de trouver l’ensemble des services dont il a besoin à 15 minutes de chez lui. Cela conduit à attribuer plusieurs fonctions à un même bâtiment : un usage A, B et C. Le bâtiment prévu est en une parfaite illustration avec :
l’usage en tant que médiathèque
l’usage en tant que maison des réfugiés
l’usage pour les associations locales
Les médiathèques se révèlent les fers de lance de ce mouvement et deviennent des lieux de pratiques artistiques ou bien fournissent des espaces pour les accueillir. Demandé initialement par les habitants, un espace de coworking est aussi prévu entre les deux entités, médiathèque et maison des réfugiés.
Christophe Sené (Paris) présente les plans et des vues d’architecte du futur aménagement de la médiathèque.
Actualités de la coopération, par Jean-Baptiste Vaisman (Bpi)
La Bpi prépare l’organisation d’un voyage d’étude en France, plus précisément dans le Calvados. Les dates prévues sont du jeudi 30 septembre au vendredi 1er octobre.
Le renouvellement des conventions de partenariat se poursuit. Jean-Baptiste Vaisman (Bpi) reviendra vers les établissements concernés.
Une nouvelle session d’échanges de professionnels est envisagée pour l’automne. Elle se tiendra en ligne ou en présentiel selon le contexte sanitaire. Les collègues sont invités à faire connaître les sujets qui intéresseraient leurs équipes et à transmettre les demandes à Jean-Baptiste Vaisman.
Les prochaines journées d’étude organisées par la Bpi sont :
le 23/11 nouvelle journée lecture et handicap qui sera consacrée à la manière dont les bibliothèques prennent en compte le handicap dans leur organisation
le 30/11 ce sera la restitution des assises de la formation, organisée par le SLL à la Bpi.
le 07/12 la rencontre annuelle autour de l’EMI
Le cycle de webconférences Bibliogrill se poursuivra à la rentrée avec une séance le 5 octobre sur la question du développement durable avec le témoignage des collègues de la Canopée. Les séances suivantes auront lieu les 09/11 et 14/12.
Les partenariats Département/Métropole : l’exemple du département du Calvados et de la CU Caen la Mer autour d’un service de ressources en ligne, par Émilie Richard (BD Calvados)
Alors que la communauté urbaine (CU) de Caen la Mer et du Calvados ont des réseaux parallèles et similaires, il est apparu pertinent de trouver une synergie afin d’éviter la coexistence de deux offres différentes sur un même territoire. Cette synergie a bénéficié d’un cadre politique favorable à la collaboration des territoires ainsi qu’à une convergence technique des infrastructures des deux établissements. Mais, plutôt que de partir sur une stratégie commune, le choix a été fait de renforcer la coopération entre les deux en partant d’outils communs, afin d’effectuer des gains sur les achats grâce à une force de frappe plus importantes vis-à-vis des fournisseurs qu’il s’agisse de leur offre mais aussi des développements qui ont pu être obtenus.
Cette gestion financière, répartie à 50-50 entre les deux entités, s’est faite sans modifier par ailleurs les modalités d’adhésion propres à chaque réseau et s’appuie sur une organisation en groupes de travail spécifiques :
l’un pour la gestion des ressources, fournisseurs, valorisation, benchmark nouvelles ressources, qui se réunit 3 fois/an environ ;
l’autre dédié à PNB et aux nouvelles acquisitions, qui se réunit un peu plus souvent ;
un COPIL annuel (sans présence d’élus) avec les représentants du département, de la CU et de chacun des réseaux
La convention signée initialement en 2019 a été renouvelée en 2020 pour 3 ans.
Du côté des inscrits, le service, appelé La boîte numérique, connaît un bon succès, notamment depuis 2018, renforcé aussi avec la période du Covid. Aujourd’hui, ce sont ainsi 21 000 usagers qui sont inscrits à cette boîte numérique, soit 14% des inscrits aux bibliothèques. Par ailleurs, si 6 % des bibliothèques n’ont pas encore adhéré au dispositif, le renouvellement des conventions devrait permettre d’atteindre les 100 % des établissements.
Afin de soutenir le dispositif, une journée professionnelle est organisée annuellement depuis 2019. Après la présentation des nouveaux fournisseurs (en 2019), puis le prêt de livres numériques (2020), la prochaine s’intéressera à la question des jeunes et des écrans.
Les perspectives pour la boîte numérique concernent principalement des améliorations à apporter dans l’ergonomie du portail ainsi qu’un effort supplémentaire de médiation, notamment concernant PNB. À la faveur d’une future labellisation BNR du département, l’enjeu sera aussi de passer à une coopération pleinement stratégique qui permette de créer un réseau pour tous les acteurs de la boîte numérique. Les chantiers à venir concernent d’ailleurs le possible abandon d’un double portail et double accès, entre la CU et le département, qui brouille la lisibilité de l’offre, en particulier lorsque des bibliothèques rejoignent la CU, ce qui oblige leurs usagers à emprunter un nouvel accès à la boîte numérique. Enfin, d’autres projets pourront être à l’origine de nouvelles collaborations entre la CU et le département, à l’image du dispositif Premières pages, pour la promotion du livre auprès des 0-3 ans.
Questions :
Émilie Richard (BD Calvados) confirme à Christine Carrier (Bpi) que les deux entités communiquent bien ensemble sur le dispositif.
Nicolas Galaud (Lyon) demande des précisions sur les aspects budgétaires et les adhésions.
Émilie Richard (BD Calvados) précise que l’adhésion d’un nouvel usager (0,15 €/habitant) vient alimenter le budget de l’entité à laquelle appartient la bibliothèque (CU ou département). Une évolution du montage financier est envisagée pour permettre que Caen la mer ne rembourse pas le département, qui acquiert les ressources, dans un second temps comme c’est le cas actuellement car ces reversements compliquent la gestion même s’ils permettent une plus grande visibilité des recettes de chacun. Par ailleurs, les communes qui ne font pas partie de la CU payent leur adhésion.
À la question de Malik Diallo (Rennes) sur les éventuelles demandes d’interfaçages de la boîte numérique avec le site de communes, Émilie Richard (BD Calvados) indique qu’il n’y en a pas eu pour l’instant et qu’elles ne seraient a priori pas prises en charge. En général, le lien vers le site de la boîte numérique est mis sur le portail des bibliothèques. L’idée est de leur permettre de proposer un service en direct avec leurs usagers, sachant que la BDP a mis en place un SAV par mail et par téléphone. La principale difficulté est plutôt de rappeler la nécessaire médiation de ces ressources, au-delà de seulement les proposer.
Fabien Vandamme-Schlimpert (Réseau Carel) demande qui se charge de la formation des agents. Depuis 2010, des formations de bases sont proposées à la BDP, dont les agents se rendent aussi dans chacun des établissements pour former les collègues. La CU s’occupe également de former les équipes, mais davantage à l’utilisation du portail qu’aux ressources proprement dites.
Christine Carrier (Bpi) s’inquiète de savoir si la force de frappe supérieure ne conduit pas les éditeurs à hausser leurs tarifs. Émilie Richard( BD Calvados) assure que cela n’a pas été le cas pour l’instant. Des développements liés à des demandes spécifiques ont même pu être obtenus. Surtout, cela permet d’obtenir des offres avec des accès en illimité, compte-tenu du nombre d’usagers.
Suite à la question de Mélanie Villenet-Hamel (Clermont-Ferrand) sur la constitution du marché, Émilie Richard (BD Calvados) précise qu’il y a bien un marché unique mais deux facturations.
Isabelle Westeel (Grenoble) expose la situation du projet de la bibliothèque numérique de Grenoble, là aussi partagé entre la ville, la métropole et le département. Avec le groupement département-ville pour les commandes, cette dernière paraît gagnante avec des zones urbaines qui s’avèrent moins coûteuses que les zones rurales.
Émilie Richard (BD Calvados) précise que le nombre des inscrits indiqué recouvre uniquement ceux actifs et rappelle que, à l’exception de la période de confinement, l’inscription est obligatoire pour pouvoir accéder à la boîte numérique avec un identifiant dédié. Ces inscrits se répartissent d’ailleurs pour moitié entre la CU et le département, ce qui a facilité la mise en place de l’accord.
Interrogé par Juliette Lenoir (Nancy), Thierry Claerr confirme que le SLL travaille sur un argumentaire sur les marchés de livres pour qu’en remontant les seuils il soit possible de soutenir les librairies de proximité. Concernant les ressources numériques, le sujet est bien à l’esprit du Ministère que ce soit via l’enquête déjà mentionnée ainsi que l’étude des BNR à venir. Il reste que les regroupements permettent de ne pas payer certaines ressources plusieurs fois.
Les réouvertures de la Bpi : analyse des publics post confinements, par Damien Day (Bpi)
Alors que la Bpi rouvrait sous contraintes, le service Études et recherche a conduit une enquête sur les publics de retour à la bibliothèque en se basant sur l’analyse des données de fréquentation mais aussi au travers d’un questionnaire (430 réponses reçues) et une trentaine d’entretiens courts avec des lecteurs.
Il en ressort tout d’abord que, malgré les mesures prises comme l’horodatage, l’existence de créneaux d’entrée libre au-delà d’une certaine heure ont maintenu une image positive de la Bpi : il était toujours possible d’y entrer.
De fait, le taux d’occupation s’est avéré relativement stable, comparé à ce qu’il est habituellement à la Bpi. En revanche, c’est la durée du séjour qui connaît une légère baisse.
La comparaison des questionnaires de 2020 par rapport aux réponses faites en 2018 (date de la dernière enquête) montre de grandes constantes dans la structure du public : proportions d’étudiants et âge moyen. On note cependant une proportion plus importante de nouveaux visiteurs, ainsi qu’une féminisation du public (peut-être un biais induit par l’auto administration du questionnaire). La fréquence de visite est aussi moins intense qu’en 2018, notamment pour ceux qui viennent une ou 2 fois par semaine. L’hypothèse d’une fréquentation opportuniste pourrait expliquer cette évolution.
Enfin, malgré les contraintes demeure un besoin accentué de bibliothèque qui est réaffirmé dans les réponses au questionnaire et les entretiens.
À partir des données recueillies et des entretiens, cinq portraits robots d’usagers types ont pu être élaborés :
les étudiants nomades, compétiteurs utilitaristes : dans un rapport quasi-sportif à l’étude, la bibliothèque est un outil qui les aide à se connecter à leur propre attention, dans la co-présence d’autres corps à l’étude. Ils tiennent compte de l’état du marché de la place assise en bibliothèque pour choisir où aller (Bpi, BnF par exemple),
les télétravailleurs : autonomes sur les outils de production mais qui recherchent un dispositif sensible de productivité dans les espaces de la bibliothèque,
l’autodidacte pragmatique : dans une démarche individuelle de formation continue a davantage que les autres besoin des collections et des services de la bibliothèque, à commencer par un espace propice à l’étude qui est distinct du domicile souvent contraint,
les navigateurs numériques : dépendants des services de la bibliothèque, en particulier sur l’accès à Internet dont ils ne disposent pas en général, ils peuvent avoir aussi besoin de tiers pour les accompagner dans la prise en main des outils,
les chercheurs : très autonomes sur les collections et les services de la bibliothèque.
Échanges avec les autres établissements sur leur situation respective
Malik Diallo (Rennes) pointe la question des gens qui ont disparu de la bibliothèque, notamment les séjourneurs et autres grands habitués qui ne sont pas revenus lors des réouvertures.
À Clermont-Ferrand aussi, certaines figures bien connues des bibliothèques ont disparu au fur et à mesure, ce qui n’a pas été sans affecter les équipes mais aussi les autres lecteurs.
À Grenoble, les bibliothécaires s’inquiétaient de la présence des enfants qui viennent habituellement seuls. S’ils ont disparu, un temps, ils reviennent désormais, sans qu’il soit possible de dire dans quelle proportion.
Laurence Favreau (BDP Val d’Oise) relève que souvent une seule personne vient pour toute la famille. Du côté des étudiants, beaucoup d’entre eux ont développé des stratégies de veille sur les bibliothèques ouvertes en particulier le dimanche pour y trouver plus facilement des places de travail qu’à la BnF ou la Bpi qu’ils savent plus fréquentées. Il s’agit de recherches individuelles, souvent faites ville par ville, dont ils partagent les résultats avec leurs pairs pour venir à plusieurs lorsqu’ils ont repéré une offre qui les intéresse.
Christine Carrier (Bpi) note que la principale difficulté est dans la communication pour faire savoir que les bibliothèques sont ouvertes.
À Bordeaux, malgré une campagne de la mairie, le système de relance téléphonique pour les retards est l’occasion de redire à ¾ des usagers que les bibliothèques sont bel et bien ouvertes. Mais le message a du mal à passer à cause du brouillage des médias qui parlaient de la fermeture des lieux culturels.
Isabelle Westeel (Grenoble) fait le même constat à Grenoble, d’autant plus que les journalistes sont peu nombreux à s’en emparer malgré plusieurs rappels. La nouveauté des comptoirs du drive ne fait plus recette.
La situation est similaire à Rennes, tandis qu’à Nancy Juliette Lenoir (Nancy) a appris que des collègues ont du mal à convaincre leurs interlocuteurs que les bibliothèques ne sont pas fermées : on leur demande d’apporter des preuves.
À Marseille, Pierre Chagny (Marseille) a vu au contraire la campagne de communication réussir, peut-être parce qu’elle était liée aussi à la relance de l’offre numérique. Si certains lecteurs, tout comme l’administration, ignorent parfois qu’elles ont rouvert, dans l’ensemble c’est plutôt satisfaisant.
Émilie Richard (BD du Calvados) s’interroge sur la probable hausse du public des télétravailleurs. Aussi, pas un seul projet n’omet actuellement de prévoir un espace de coworking, sans que le succès ait été pour l’instant au rendez-vous.
Christine Carrier (Bpi) indique qu’il serait possible de croiser les données d’autres établissements, même non chiffrées, avec celles de la Bpi afin de prolonger l’étude.
Le grand nombre de lieux de coworking privés à Lyon fait que les bibliothèques n’ont pas forcément été identifiées par les télétravailleurs. Si les séjourneurs ont, ici aussi, disparu, les emprunteurs sont, eux, revenus très rapidement et le volume de prêts atteints est proche de la normale (4 millions de prêts/an).
À Rennes, l’offre réduite en salle ne permet pas d’accueillir comme d’habitude. Il faudra voir comment cela se passera après le retour à la normale.
Thierry Claerr (SLL) rappelle l’élaboration d’un futur baromètre des données du prêt ainsi que le lancement d’une étude sur les ressources électroniques en bibliothèque, dans le prolongement de la précédente enquête effectuée par Laurine Arnoult.
Le service Études et recherche supervise actuellement plusieurs programmes de recherche :
l’enquête sur les publics de la musique, au regard de l’évolution des services, est dans sa phase de lancement. Elle est menée par Olivier Zerbib et Pierre Le Quéau du laboratoire PACTE à Grenoble avec 6 terrains d’enquête,
la phase terrain de l’étude sur la valeur socio-économique des bibliothèques, conduite par la laboratoire CLERSE de Lille, est maintenant achevée. Le rapport intermédiaire est en cours de relecture. A partir de septembre il s’agira de passer à la dernière phase avec des focus groups pour produire un jeu d’indicateurs alternatifs sur l’impact socio-économique des bibliothèques.
Une enquête a été menée par Elodie Hommel (docteure en sociologie, enseignante à l’ITIC et chercheuse associée au Centre Max Weber) sur des parcours de lecteurs de jeunes adultes, elle a réalisé une quinzaine de portraits qui sont pour partie déjà en ligne sur le site Bpi pour les professionnels.
Actualités des partenaires
Fabien Vandamme-Schlimpert (Réseau Carel) présente la thématique de la prochaine journée de Réseau Carel, prévue le 12 octobre prochain à la médiathèque Marguerite Duras : les modes d’acquisition des ressources numériques marché & hors marché.
André-Pierre Syren (Enssib) annonce quelques actualités de l’Enssib :
la parution en septembre de l’essai sur la bibliothèque de Joëlle Le Marec, un essai en faveur de la ré-institutionnalisation de la bibliothèque dans sa seconde partie
avec le recrutement de Véronique Heurtematte, ancienne de Livres-Hebdo, au BBF, celui-ci va reparaître dans sa forme papier avec un numéro annuel et thématique. Le premier sera ainsi consacré à la crise du Covid en 2020.
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